ferme; grace aux douze mille francs que
vous avez laisses a Julien, grace a votre generosite envers lui et
envers nous, nous avons bien agrandi et ameliore la maison. Si vous
desirez avoir Caroline, elle viendra tres volontiers; elle est chez sa
mere, elles font des gants.
M. GEORGEY.--Oh! _yes_! Je voulais tres bien. Je voulais voir mon
logement chez vous."
M. Georgey fut promene dans toute la maison. Il y avait en haut deux
grandes et belles chambres; Julien en avait une pres de lui; il en
restait deux, pour Caroline et pour quelque autre visiteur. En bas
demeuraient Bonard et sa femme et Frederic.
En redescendant dans la salle, Frederic jeta un regard furtif du cote de
l'ancienne armoire brisee; il vit avec une vive satisfaction qu'elle n'y
etait plus. M. Georgey, apres le depart de Frederic, avait achete un
beau dressoir-buffet qui avait remplace l'armoire fatale, brulee par son
ordre.
Pendant plusieurs jours, Bonard triomphant, mena son fils chez toutes
ses connaissances et dans la ville ou il cherchait tous les pretextes
possibles pour le faire passer devant la demeure des gendarmes; les
galons de Frederic lui valaient le salut militaire des simples gendarmes
et une poignee de main du brigadier. Le pere saluait avec son fils et
s'arretait volontiers pour causer et dire un mot des combats racontes
par Georgey.
Frederic ne voulut pourtant pas rester oisif: il travailla comme Julien
et son pere: ce fut pour Bonard un avantage reel; il ne prenait plus
d'ouvrier, tout le travail se faisait entre eux.
Caroline, qui etait rentree avec joie chez son ancien maitre, aidait Mme
Bonard dans les soins du menage et ceux du betail.
M. Georgey vivait heureux comme un roi, entoure de gens qu'il aimait et
qui eprouvaient pour lui autant d'affection que de reconnaissance. Il
resolut de se fixer dans le pays. Il acheta tout pres des Bonard une
jolie habitation au bord d'une riviere tres poissonneuse ou il pouvait
se donner le plaisir de la peche, et dont il voulut profiter pour y
etablir une usine. Caroline devint sa femme de menage sous la direction
de sa mere, qui etait entree avec elle au service de M. Georgey.
La fin du conge de Frederic approchait, il ne restait plus que trois
mois de cette bonne vie de famille; il regrettait souvent de ne pouvoir
la continuer jusqu'a la fin de sa vie.
"Mais, disait-il, faut que je fasse mon temps; j'ai encore trois annees
de service."
Mme Bonard pleurait; Frederic chercha
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