ovre Mme
Bonarde! Fridric morte ou deshonorable, c'etait le meme chose... Et le
Master Bonarde! il avait un frayeur si terrible du deshonoration!...
Colonel, vous etais un ami a moi, vous me donner Fridric et pas faire de
jugement.
LE COLONEL.--Ah! si je le pouvais, mon ami, j'aurais etouffe l'affaire.
Mais Alcide est arrete aussi; les autres ivrognes sont a la salle de
police. Le poste les a tous vus; il a degage le marechal des logis,
qu'Alcide assommait a coups de poing."
Ils causerent longtemps encore. M. Georgey cherchant les moyens de
sauver Frederic, le colonel lui en demontrant l'impossibilite. Quand
il parla a son ami de l'accusation de vol portee par Alcide contre
Frederic, M. Georgey sauta de dessus sa chaise, entra dans une colere
epouvantable contre Alcide. Lorsque son emportement se fut apaise, le
colonel l'interrogea sur cette accusation d'Alcide. M. Georgey raconta
tout et n'oublia pas le repentir, la maladie, la profonde tristesse de
Frederic et son changement total.
Le colonel remercia beaucoup M. Georgey de tous ces details, et lui
promit d'en faire usage dans le cours du proces.
M. GEORGEY.--Je ferai aussi usage; je voulais parler pour Fridric! Je
voulais plaidoyer pour cette povre miserable.
LE COLONEL, _souriant_.--Vous? Mais, mon cher, vous ne parlez pas
assez couramment notre langue pour plaider? Il aura un avocat.
M. GEORGEY.--Lui avoir dix avocats, ca fait rien a moi. Vous pouvez pas
defendre moi parler pour une malheureuse creature tres fort insultee.
L'Alcide etait une scelerate; et moi voulais dire elle etait une
scelerate, une menteur, une voleur et autres choses.
LE COLONEL.--Parlez tant que vous voudrez, mon cher, si Frederic y
consent; seulement je crains que vous ne lui fassiez tort en voulant lui
faire du bien.
M. GEORGEY.--No, no, je savais quoi je disais; j'etais pas une imbecile;
je dirai bien."
L'heure du diner arreta la conversation. M. Georgey mangea comme quatre,
et remit au lendemain sa visite au prisonnier.
Frederic vegetait tristement dans son cachot. Ses camarades profitaient
pourtant de l'amitie que lui temoignaient les officiers et le marechal
des logis pour lui envoyer toutes les douceurs que peuvent se procurer
de pauvres soldats en garnison en Algerie; son morceau de viande etait
plus gros que le leur; sa gamelle de soupe etait plus pleine, sa
ration de cafe un peu plus sucree. On lui envoyait quelques livres;
la cantiniere soignait davantage son
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