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tous les deux; mais il y a une difference entre pousser et s'appuyer.
--C'est bien; vous pouvez vous retirer", dit le president en souriant
legerement.
Le marechal des logis se retira en s'essuyant le front; la sueur
inondait son visage. Frederic lui jeta un regard reconnaissant.
Les hommes du poste deposerent dans le meme sens sur ce qu'ils avaient
pu voir.
Quand les temoins furent entendus, on interrogea Alcide.
LE PRESIDENT.--Vous avez appele le marechal des logis face a claques,
gros joufflu, _canaille_?
ALCIDE.--C'est la verite; ca m'a echappe.
LE PRESIDENT.--Vous l'avez pousse?
ALCIDE.--Je l'ai pousse et je m'en vante: il n'avait pas le droit de me
prendre au collet.
LE PRESIDENT.--Il en avait parfaitement le droit, du moment que vous lui
resistiez et que vous etiez ivre. Mais, de plus, vous lui avez donne un
coup de poing.
ALCIDE.--Il n'etait pas bien vigoureux. Je n'avais pas toute ma force.
Le vin, vous savez, cela vous casse bras et jambes.
LE PRESIDENT.--Vous avez appele vos camarades a votre secours, et
specialement Frederic Bonard? Pourquoi appeliez-vous, si vous n'aviez
pas l'intention de lutter contre votre marechal des logis?
ALCIDE.--Je ne voulais pas me laisser frapper; l'uniforme francais doit
etre respecte.
LE PRESIDENT.--Est-ce par respect pour l'uniforme que vous frappiez
votre superieur?
ALCIDE.--Si je l'ai un peu bouscule, Bonard en a fait autant.
LE PRESIDENT.--Il ne s'agit pas de Bonard, mais de vous.
ALCIDE.--Si je parle de lui, c'est que je n'ignore pas qu'on veut tout
faire retomber sur moi pour excuser Bonard.
LE PRESIDENT.--Je vous repete qu'il n'est pas question de Bonard dans
les demandes que je vous adresse, mais de vous seul. De votre propre
aveu, vous avez donne un coup de poing a votre chef, vous l'avez traite
de _canaille_, et vous avez appele vos amis dans l'intention
evidente de vous delivrer par la force. Avez-vous quelque chose a dire
pour votre excuse?
ALCIDE.--Quand j'aurais a dire, a quoi cela me servirait-il, puisque
vous etes tous decides d'avance a me faire fusiller et a acquitter
Bonard qui est un hypocrite, un voleur?... C'est un jugement pour rire,
ca. .
LE PRESIDENT.--Taisez-vous; vous ne devez pas insulter vos juges ni
accuser un camarade. Je vous previens que vous rendez votre affaire plus
mauvaise encore...
ALCIDE.--Ca m'est bien egal, si je parviens a faire condamner ce gueux
de Bonard, ce voleur, ce..."
M. Georg
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