ey se leve avec impetuosite et s'ecrie:
"Je demande le parole.
LE PRESIDENT.--Vous aurez la parole, Monsieur, quand nous en serons a la
defense. Veuillez vous asseoir."
M. Georgey se rassoit en disant:
"Je demandais excus; ce coquine d'Alcide m'avait mis en fureur."
Alcide se demene, montre le poing a M. Georgey en criant:
"Vous etes un menteur! c'est une ligue contre moi!
LE PRESIDENT.--Reconduisez le prisonnier a son banc."
Deux soldats emmenent Alcide, qui se debat et qu'on parvient
difficilement a calmer.
LE PRESIDENT.--Bonard, c'est avec regret que nous vous voyons sur le
banc des accuses; votre conduite a toujours ete exemplaire. Dites-nous
quel a ete le motif de votre lutte contre votre marechal des logis.
FREDERIC, _d'une voix tremblante._--Mon colonel, j'ai eu le malheur
de commettre une grande faute; je me suis laisse entrainer a boire, a
m'enivrer. Je me suis trouve, je ne puis expliquer comment, dans l'etat
de degradation qui m'amene devant votre justice. Je n'ai aucun souvenir
de ce qui s'est passe entre moi et mon marechal des logis. Je me fie
entierement a lui pour vous faire connaitre l'etendue de ma faute; je
l'aime, je le respecte, et depuis quinze jours j'expie, par mon repentir
et par mes larmes, le malheur de lui avoir manque.
LE PRESIDENT.--Ne vous souvenez-vous pas d'avoir ete appele par Bourel
pour le defendre contre le marechal des logis?
FREDERIC.--Non, mon colonel.
LE PRESIDENT.--Vous ne vous souvenez pas d'avoir engage une lutte contre
le marechal des logis?
FREDERIC.--Non, mon colonel.
LE PRESIDENT.--Allez vous asseoir."
Frederic, pale et defait, retourne a sa place. On appelle les temoins;
ils attenuent de leur mieux la part de Frederic dans la lutte.
Les camarades d'Alcide avouent le complot imagine par lui, les moyens de
flatteries et d'hypocrisie qu'ils avaient employes, l'achat des vins et
liqueurs pour enivrer plus surement leur victime; le projet de vol,
que leur propre ivresse et l'arrivee du marechal des logis les avaient
empeches de mettre a execution. Les interruptions et les emportements
d'Alcide excitent l'indignation de l'auditoire.
Apres l'audition des temoins, les avocats prennent la parole; celui
d'Alcide invoque en faveur de son client l'ivresse, l'entrainement; il
promet un changement complet si les juges veulent bien user d'indulgence
et lui accorder la vie.
L'avocat de Frederic rappelle ses bons precedents, son exactitude au
ser
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