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t l'heure de la retraite. ALCIDE.--Bonjour, mon brave Frederic. Nous voici enroles dans le meme regiment, et bien differents de ce que nous etions quand nous nous sommes quittes. Voici des amis que je te presente. Ils ont, comme moi, entendu parler de toi. FREDERIC.--De moi? A propos de quoi donc? ALCIDE.--Comment! tu es donc seul a ne pas savoir qu'il n'est bruit que de toi dans le regiment? Ton nom est dans toutes les bouches. Quand nous voulons faire l'eloge d'un des notres, nous disons: "Brave comme Bonard, exact comme Bonard, bon chretien comme Bonard, genereux comme Bonard". N'est-il pas vrai, camarades? Je ne blague pas, moi. TOUS.--Oui, oui, tres vrai! Ca a passe en proverbe dans l'escadron. FREDERIC.--Merci de votre bonne opinion, camarades. Je suis heureux de vous connaitre. Et toi, Alcide, je compte bien que nous vivrons en bonne amitie et en bons soldats, en vrais chretiens. ALCIDE.--C'est bien ma pensee; nous emboiterons tous le meme pas. GREDINET.--Nous serons la creme de l'escadron, toi, Bonard, a notre tete. RENARDOT.--Oui, soyons tous les grenadiers de Bonard, et ce sera notre gloire. FOURBILLON.--Fumes-tu quelquefois? FREDERIC.--Non, ce n'est pas mon habitude. FOURBILLON.--Tant pis, je t'aurais demande un cigare; j'ai un mal de dents a me rendre fou, et pas un centime pour en acheter un. FREDERIC.--Qu'a cela ne tienne. Je n'ai pas de cigares, mais j'ai de quoi en acheter. Combien t'en faut-il? FOURBILLON.--Cela depend des camarades. S'ils veulent fumer en ton honneur, pour feter ta bienvenue, et si tu es genereux, comme on le dit, tu lacheras bien deux cigares par tete. FREDERIC.--Deux, c'est trop peu; mettons en quatre; nous sommes six; mais comme je n'en suis pas, cela fait vingt cigares. A combien la piece? GUEUSARD.--Pour en avoir de passables, faut bien y mettre quinze centimes; ca fait trois francs. FREDERIC.--Tiens, voila cinq francs. Va a la provision. GUEUSARD.--Tu merites bien ta reputation, brave camarade. J'y cours, et vous ne m'attendrez pas longtemps. ALCIDE, _bas a Frederic_.--Tu as bien fait, Frederic. Ce sont de pauvres gens qui n'ont pas le sou, comme moi; ils sont reconnaissants; tu les meneras tous a la baguette si tu les fournis de temps a autre." Ce fut le premier essai d'Alcide et de ces compagnons. Ils continuerent a degarnir la bourse de Frederic en lui faisant sans cesse de nouvelles demandes. Tantot c'etaient des cigares, tantot une
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