il suppliait qu'on le chassat.
"Il va me faire du mal; j'ai peur... Il est si mechant!... Au secours!
il veut m'entrainer; il m'entraine,... au secours! Il appelle les
gendarmes! Il veut faire prendre Julien... On croit que Julien a vole.
Pauvre Julien! On le garrotte, on le mene en prison... Arretez! arretez!
Ce n'est pas lui, c'est Alcide!... Je vous jure que c'est Alcide...
Je l'ai vu,... il me l'a dit... Il ment, il ment... Ne l'ecoutez pas,
gendarmes... Voyez, voyez comme il verse du vin blanc et du rouge a M.
Georgey... Il veut l'enivrer... pour le voler. Voyez-vous comme il le
vole? Voyez-vous comme il met des pieces d'or dans la poche de Julien...
Mais dites-lui...? empechez-le... Mon Dieu, mon Dieu! quel malheur que
j'aie ecoute Alcide!..."
Frederic retombait epuise sur son oreiller. Il semblait parfois
s'endormir, mais il recommencait a crier, a se debattre et a faire
connaitre, par ses propos incoherents, tout ce qui s'etait passe entre
lui et Alcide. Mme Bonard ne savait que faire. M. Georgey dit a Julien
d'aller chercher le medecin. Julien y courut.
Pendant qu'il faisait sa commission, les gendarmes se presenterent pour
faire leur enquete sur le vol commis la veille chez Bonard.
M. Georgey alla au-devant d'eux et leur serra la main a l'anglaise en
riant.
"Vous voir le vol et le brisement!... Voila!"
Et il montra du doigt l'armoire.
"Vous voir le voleur?... Voila!"
Et il se designa lui-meme du doigt.
LE BRIGADIER.--Comment, Monsieur! Vous, le voleur? Ce n'est pas
possible.
M. GEORGEY.--Ca etait tres possible, pourquoi ca etait."
M. Georgey se mit a rire de la mine stupefaite des gendarmes. Il leur
expliqua le soi-disant vol, comme il l'avait promis a Bonard, et
l'indemnite qu'il venait de lui offrir; Julien avait pose les pieces
d'or sur la table; elles y etaient encore.
"Voila, dit M. Georgey; je donnais deux cents francs.
LE BRIGADIER.--Il n'y a plus rien a dire, Monsieur; du moment que vous
payez si largement le degat, je ne pense pas que M. Bonard reclame autre
chose.
M. GEORGEY.--Master gendarme, moi vous dire un autre chose; le jeune
garcon que vous attraper hier dans le ville, c'etait le garcon de M.
Bonard. Le povre fils il etait si choque, si desole, vous croire il
etait un voleur, que il etait en desesperation, malade et imbecile; il
croyait toujours etre une voleur; il voyait toujours votre apparition
subite. Venez voir; voyez pauvre Madme Bonarde; faut pas attrape
|