able,
indigne de vivre! je ne peux plus te voir; je ne veux pas etre deshonore
par toi! Et ta pauvre mere? Montree au doigt! Mere d'un voleur! Voleur!
Voleur! Mon fils voleur!"
Et Bonard, fou d'epouvante et de douleur, saisit une lourde pince, et,
levant le bras, allait frapper d'un coup peut-etre mortel, lorsque M.
Georgey, s'elancant sur lui, l'etreignit de ses bras vigoureux, et,
malgre sa resistance, l'entraina dans la chambre voisine. Frederic etait
tombe sans connaissance; Julien soutenait Mme Bonard, a moitie evanouie
sur sa chaise.
L'Anglais avait ferme a double tour la porte de la chambre, de peur que
Bonard ne lui echappat.
M. GEORGEY.--Craignez pas, povre creature; pas de deshonorement; moi
tout arranger; moi dire comme hier: C'etait moi.
BONARD.--C'est impossible; on va faire une enquete; je ne veux pas qu'on
vous croie un voleur, un scelerat! Personne ne le croirait, d'ailleurs.
Vous, riche, briser un meuble pour voler un pauvre homme! C'est
impossible! Personne ne vous croirait.
M. GEORGEY.--Croirait tres parfaitement. Je disais: Moi Georgey voulais
habillement joli de petite Juliene pour le foire. Moi Georgey pas trouve
le cle. Moi Georgey beaucoup fort entete, moi voulais; je voulais
habillements. Moi Georgy riche. Moi casser fermeture, moi prendre
habillements et argent pour amuser petite Juliene et les autres, car
moi oublier jaunets dans ma poche. Moi revenir en le jour de foire trop
tardivement hier. Moi revenir en le jour d'aujourd'hui pour raconter,
demander excuse et faire payement pour dedommager. Et je fais payement
avec les jaunets du pocket de la petite Juliene. C'etait tres bien, ca.
Moi payer bon diner a gendarmes et tout sauve."
A mesure que M. Georgey parlait, le visage de Bonard s'eclaircissait.
Quand M. Georgey eut termine son explication, le pauvre Bonard, rempli
de reconnaissance, se precipita a genoux devant le genereux Anglais, et,
joignant les mains, s'ecria:
"Oh! monsieur, vous me sauvez plus que la vie! Vous sauvez notre honneur
a tous! Vous sauvez mon miserable fils! Vous me sauvez d'un crime!
Je n'aurais pu le voir sans le maudire, sans le tuer peut-etre. Oh!
Monsieur, soyez beni! Toute ma vie je vous benirai comme mon bon ange,
mon sauveur!
M. GEORGEY.--No, no, _my dear_! c'etait trop pour une povre homme
solitaire, ridicule. Je savais que je faisais des sottises, beaucoup,
que les autres riaient de moi. Je savais. Je savais. Ils faisaient
justice."
Quand
|