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tout payer; n'oublie pas ca, c'est important. Et quand on te parlera de
vol, tu prendras l'air consterne et tu t'ecrieras:
"Quel bonheur que je n'y aie pas ete! Ces coquins m'auraient tue pour
que je ne les denonce pas!" N'oublie pas ca non plus.
FREDERIC.--Oui, oui, je comprends. Mais c'est une bien mauvaise action
que tu m'as fait commettre; j'ai des remords.
ALCIDE.--Imbecile! A qui avons-nous fait tort?
FREDERIC.--A mon pere et a ma mere d'abord; et puis a ce pauvre Julien,
qui me fait pitie a present que nous lui avons vole tout ce qu'il
possedait.
ALCIDE.--D'abord, Julien n'y perdra rien, car son richard d'Anglais, qui
l'a pris en amitie, je ne sais pourquoi, lui donnera le double de ce
qu'il a perdu. Pas a tes parents non plus, qui sont assez riches pour
perdre deux dindons: ils n'en mourront pas, tu peux etre tranquille.
D'ailleurs, comme je te l'ai deja dit plus d'une fois, est-ce que leur
bien ne t'appartient pas? N'es-tu pas leur seul enfant? Ne sera-ce pas
toi qui auras un jour la ferme et tout ce qu'ils possedent? Et s'ils ne
te donnent jamais un sou pour t'amuser, n'as-tu pas droit de prendre
dans leur bourse? Est-ce qu'un garcon de dix-sept ans doit etre traite
comme un enfant de sept? Tu as donc pris ce qui est a toi. Ou est le
mal?
--C'est pourtant vrai! s'ecria le faible Frederic: jamais on ne me donne
rien!
ALCIDE.--Tu vois bien que j'ai raison. Ils veulent que tu vives comme
un mendiant. Ne te laisse pas faire. A dix-sept ans on est presque un
homme. Voyons, n'y pense plus et continuons notre chemin tout doucement
pour ne pas arriver trop tard a la ville. Nous avons encore une
demi-heure de marche, et je crois bien qu'il n'est pas loin de midi."
Ils continuerent leur chemin.
XIII
TERREUR DE MADAME BONARD
Tout a coup, au tournant d'une haie, Frederic poussa un cri etouffe.
ALCIDE.--Eh bien! quoi? Qu'est-ce qu'il y a?
FREDERIC, _tremblant_.--Je crois reconnaitre maman, la-bas, sur la
route: elle est arretee a causer avec quelqu'un.
ALCIDE.--Vite, derriere la haie; ils nous tournent le dos, ils ne nous
ont pas vus."
Ils se jeterent tous deux a plat ventre, ramperent a travers un trou
de la haie et se blottirent derriere un epais fourre. Pendant quelques
instants ils n'entendirent rien; puis un bruit confus de rires et de
voix arriva jusqu'a eux, puis des paroles tres distinctes.
"Comme vous marchez vite, madame Bonard! Je puis a peine vous suivre; ca
me c
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