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du village.
"Bien sur, se dit-il, qu'il aura ete prendre ses arrangements avec
Alcide pour changer leurs heures. Il croyait aller a la foire des le
matin, et le voila retenu jusqu'a midi."
En effet, il rencontra Frederic revenant avec Alcide.
"Que viens tu faire ici? lui dit Alcide avec brusquerie. Viens-tu nous
espionner?
JULIEN.--Je venais chercher Frederic, parce que M. et Mme Bonard m'ont
envoye voir ou il etait. On est a table depuis quelque temps.
ALCIDE.--C'est-il vexant! Ce mauvais garnement va te denoncer. Prends
garde!
JULIEN.--Je ne l'ai jamais denonce, vous le savez bien tous les deux.
Pourquoi commencerais-je aujourd'hui, a la veille de quitter la maison?
ALCIDE.--Qu'est-ce que tu vas dire?
JULIEN.--Je n'en sais rien, cela depend; si on m'interroge, je dirai la
verite, bien sur. Qu'il rentre le premier, il parlera pour lui-meme;
alors on ne me demandera rien.
FREDERIC, _inquiet_.--Qu'est-ce que je dirai?
ALCIDE.--Tu diras que tu as ete au champ par la traverse; que, voyant la
charrue detelee et restee dans le sillon, tu as pense que ton pere etait
rentre par l'autre chemin. Que tu as rencontre un ouvrier qui t'a dit
que ton pere etait chez le marechal pour faire ferrer un cheval, et que
tu en revenais quand tu as rencontre Julien.
FREDERIC.--Bon, je te remercie; tu as toujours des idees pour te tirer
d'affaire."
Et, sans faire attention a Julien, Frederic courut pour arriver a la
maison le premier.
Quand il entra, il commenca son explication avant qu'on ait eu le temps
de l'interroger.
Et il ajouta:
"Sans entrer chez le marechal, j'ai bien vu, mon pere, que vous n'y
etiez pas, et je suis revenu en courant, pensant que vous ne seriez pas
fache d'avoir un coup de main.
BONARD.--Merci, mon garcon; mais quel est l'imbecile qui t'a fait le
conte du cheval deferre.
FREDERIC _embarrasse_.--Je ne sais pas, mon pere; c'est sans doute
un des nouveaux ouvriers de l'usine, car je ne l'avais pas encore vu
dans le pays.
BONARD.--Mais comment me connait-il?
FREDERIC.--Il ne vous connait pas, je pense. Quand je lui ai demande
s'il vous avait rencontre (car il venait comme de chez nous), il m'a
repondu qu'il venait de voir passer un homme avec deux chevaux dont l'un
etait deferre; alors j'ai pense que vous etiez chez le marechal.
BONARD.--Allons, c'est tres bien; mais ou est Julien?
FREDERIC.--Il est reste en arriere; le voila qui arrive."
Julien entra.
MADAME BONARD
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