titude qu'il se donnerait en acceptant la premiere offre qui lui
etait faite par un inconnu, un etranger, un homme qu'il connaissait a
peine, qui semblait etre, il est vrai, brave homme, genereux, mais dont
les idees originales, le langage bizarre, pouvaient amener des choses
fort penibles et tout au moins tres desagreables.
M. Georgey ne disait plus rien; il les examinait tous. Enfin, Mme Bonard
trouva un moyen pour gagner du temps. "Monsieur, dit-elle, Julien fera
comme il voudra, mais il faut que vous me le laissiez jusqu'a ce que mes
dindons soient vendus a la foire.
M. GEORGEY.--Quand c'est le foire?
MADAME BONARD.--Dans trois semaines, Monsieur.
M. GEORGEY.--_Very well, my dear_; dans trois semaines je venais
demander Juliene.
--Mais je n'ai encore rien dit, maitresse", s'ecria Julien.
Et il eclata en sanglots.
Pendant quelques instants l'Anglais le regarda pleurer. Puis il lui
passa plusieurs fois la main sur la tete, et dit d'une voix attendrie et
tres douce:
"Povre petite Juliene! Bonne petite Juliene! pleurer par chagrinement
de quitter master et Mme Bonarde? C'etait tres joli, tres attachant.
_Don't cry_,... mon petite Juliene. Toi etre console, moi t'aimer
beaucoup fort; toi aider Caroline, aider moi, miserable homme tout
solitaire qui vois pas personne pour affectionner; moi qui cherchais un
honnete garcone pour rendre heureux et qui trouvais personne.
"Pleure pas, petite Juliene, toi faire comme ton volonte. Je te faisais
demain et tous les matinees un rencontrement avec les _turkeys_.
Quand il fera trois semaines, toi diras a moi oui ou non."
Georgey lui secoua fortement la main. Julien leva sur lui ses yeux
baignes de larmes, baisa la main qui serrait encore la sienne, essaya de
parler, mais ne put articuler une parole.
VIII
FAUSSETE D'ALCIDE
Tout le monde se leva; les Bonard et Julien pour retourner a la ferme;
l'Anglais pour les reconduire.
MADAME BONARD.--Vous venez avec nous, Monsieur?
M. GEORGEY.--_Yes_, Madme Bonarde; je promenais en votre compagnie.
Moi aimais beaucoup prendre un promenade en votre compagnie. Moi voulais
voir les _turkeys_. Je avais un peu beaucoup peur Frederic mangeait
les _turkeys_ dans l'absentement de petite Juliene.
MADAME BONARD, _riant_.--Oh! Monsieur, Frederic ne mangera pas
quarante-quatre dindons, malgre qu'il soit un peu gourmand.
M. GEORGEY.--Frederic etait gourmand! _Fy_! C'etait laide, c'etait
affreuse, c'etait horrible d
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