t temps a construire leur maison. Chez
les plus pauvres, ce n'est guere qu'un amas de terre faconne
grossierement. On entoure un espace rectangulaire, de 2 ou 3 metres de
large sur 4 ou 5 de long, d'un clayonnage en nervures de palmier, qu'on
enduit interieurement et exterieurement d'une couche de limon; comme ce
pise se crevasse en perdant son eau, on bouche les fissures et on etend
des couches nouvelles, jusqu'a ce que l'ensemble ait de 10 a 30
centimetres d'epaisseur, puis on etend au-dessus de la chambre d'autres
nervures de palmier melees de paille, et on recouvre le tout d'un lit
mince de terre battue. La hauteur est variable: le plus souvent, le
plafond est tres bas, et on ne doit pas se lever trop brusquement de
peur de le defoncer d'un coup de tete; ailleurs, il est a 2 metres du
sol ou meme plus. Aucune fenetre, aucune lucarne ou penetrent l'air et
la lumiere; parfois un trou, pratique au milieu du plafond, laisse
sortir la fumee du foyer; mais c'est la un raffinement que tout le monde
ne connait pas.
Il n'est pas toujours facile de distinguer au premier coup d'oeil celles
de ces cabanes qui sont en pise et celles qui sont en briques crues. La
brique egyptienne commune n'est guere que le limon, mele avec un peu de
sable et de paille hachee, puis faconne en tablettes oblongues et durci
au soleil. Un premier manoeuvre piochait vigoureusement a l'endroit ou
l'on voulait batir; d'autres emportaient les mottes et les accumulaient
en tas, tandis que d'autres les petrissaient avec les pieds et les
reduisaient en masse homogene. La pate suffisamment trituree, le maitre
ouvrier la coulait dans des moules en bois dur, qu'un aide emportait et
s'en allait decharger sur l'aire a secher, ou il les rangeait en damier,
a petite distance l'une de l'autre (Fig.1). Les entrepreneurs soigneux
les laissent au soleil une demi-journee ou meme une journee entiere,
puis les disposent en monceaux de maniere que l'air circule librement,
et ne les emploient qu'au bout d'une semaine ou deux; les autres se
contentent de quelques heures d'exposition au soleil et s'en servent
humides encore. Malgre cette negligence, le limon est tellement tenace
qu'il ne perd pas aisement sa forme: la face tournee an dehors a beau se
desagreger sous les influences atmospheriques, si l'on penetre dans le
mur meme, on trouve la plupart des briques intactes et separables les
unes des autres. Un bon ouvrier moderne en moule un millier par jour
sans se fatiguer;
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