1m,80.
Quelques temples sont en une seule sorte de pierre; le plus souvent, les
materiaux d'espece differente sont juxtaposes a proportions inegales.
Ainsi, le gros oeuvre des temples d'Abydos est un calcaire tres fin; les
colonnes, les architraves, les montants et les linteaux des portes,
toutes les parties ou l'on craignait que le calcaire n'eut pas une force
de resistance suffisante, sont en gres dans l'edifice de Seti Ier, en
gres, en granit ou en albatre dans celui de Ramses II. A Karnak, a
Louxor, a Tanis, a Memphis, on remarque des melanges analogues; au
Ramesseum et dans quelques temples de Nubie, les colonnes reposent sur
des massifs de briques crues. La pierre a pied d'oeuvre, les ouvriers
la taillaient avec plus ou moins de soin, selon qu'elle devait occuper
telle ou telle position. Quand les murs etaient de mediocre epaisseur,
comme c'est generalement le cas des murs de refend, on la parait
exactement sur toutes les faces. Lorsqu'ils etaient epais, les blocs du
noyau etaient degrossis de maniere a rappeler le plus possible la forme
cubique et a s'empiler les uns sur les autres sans trop de difficulte,
sauf a combler les vides avec des eclats plus petits, du caillou, du
ciment; on coupait ceux du parement avec soin sur la face destinee a
etre vue, on dressait les joints aux deux tiers ou aux trois quarts de
la longueur, et on piquait simplement le reste de la queue. Les pieces
les plus fortes etaient reservees aux parties basses des edifices, et
cette precaution etait d'autant plus necessaire que les architectes
d'epoque pharaonique ne descendaient pas les fondations des temples
beaucoup plus qu'ils ne faisaient celles des maisons. A Karnak, elles ne
s'enfoncent guere qu'a 2 ou 3 metres; a Louxor, dans la partie qui borde
le fleuve, trois assises d'environ 0m,80 de haut chacune forment un
patin gigantesque sur lequel reposent les murs; au Ramesseum, la couche
de briques seches sur laquelle pose la colonnade ne parait pas avoir
plus de 2 metres; ce sont la des profondeurs insignifiantes, mais
l'experience des siecles a prouve qu'elles suffisaient. L'humus compact
et dur qui compose partout le sol de la vallee subit chaque annee, au
moment du retrait des eaux, une contraction qui le rend a peu pres
incompressible; le poids des maconneries, augmentant graduellement au
cours de la construction, lui fait bientot atteindre le maximum de
tassement et acheve d'assurer a l'edifice une assiette solide. Partout
ou j'a
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