i mis au jour le pied des murs, j'ai constate qu'ils n'avaient pas
bouge.
Le systeme de construction des anciens Egyptiens ressemble par bien des
points a celui des Grecs. Les pierres y sont souvent posees a joint vif,
sans lien d'aucune sorte, et le macon se fie au poids propre des
materiaux pour les tenir en place. Parfois elles sont attachees par des
crampons en metal, ou, comme dans le temple de Seti Ier a Abydos, par
des queues d'aronde en bois de sycomore au cartouche du roi fondateur.
D'ordinaire, elles sont comme soudees les unes aux autres par des
couches de mortier plus ou moins epaisses. Tous les mortiers dont j'ai
recueilli les echantillons sont jusqu'a present de trois sortes: les
uns, blancs et reduits aisement en poudre impalpable, ne contiennent que
de la chaux; les autres, gris et rudes au toucher, sont meles de chaux
et de sable; les autres doivent leur aspect rougeatre a la poudre de
brique pilee dont ils sont penetres. Grace a l'emploi judicieux de ces
procedes divers, les Egyptiens ont su, quand ils le voulaient,
appareiller aussi bien que les Grecs des assises regulieres, a blocs
egaux, a joints verticaux symetriquement alternes; s'ils ne l'ont pas
toujours fait, cela tient surtout a l'imperfection des moyens mecaniques
dont ils disposaient. Les murs d'enceinte, les murs de refend, ceux des
facades secondaires etaient perpendiculaires au sol; on se servait pour
elever les materiaux d'une chevre grossiere plantee sur la crete. Les
murs des pylones, ceux des facades principales, parfois meme ceux des
facades secondaires etaient en talus, selon des pentes variables au gre
de l'architecte; on etablissait pour les construire des plans inclines,
dont les rampes s'allongeaient a mesure que montait le monument. Les
deux methodes etaient egalement dangereuses; si soigneusement qu'on
enveloppat les blocs, ils couraient le risque de perdre en chemin leurs
aretes et leurs angles, ou meme de se briser en eclats. Il fallait
presque toujours les retoucher, et le desir d'avoir le moins de dechet
possible portait l'ouvrier a leur preter des coupes anormales (Fig.49).
On retaillait en biseau une des faces laterales, et le joint, au lieu
d'etre vertical, s'inclinait sur le lit. Si la pierre n'avait plus la
hauteur ou la largeur voulue, on rachetait la difference au moyen d'une
dalle complementaire. Parfois meme, on laissait subsister une saillie,
qui s'emboitait, pour ainsi dire, dans un creux correspondant, menage a
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