on cessait de se faire
regulierement. Aussi, les pierres de choix qu'on ne trouvait qu'au
desert, le diorite, le basalte, le granit noir, le porphyre, les breches
vertes ou jaunes, n'etaient-elles pas d'usage frequent en architecture;
comme il fallait mettre sur pied, pour les avoir, de veritables
expeditions de soldats et d'ouvriers, on les reservait aux sarcophages
et aux statues de prix. Les carrieres de calcaire, de gres, d'albatre,
de granit rose, qui ont fourni les materiaux des temples et des
monuments funeraires, etaient toutes dans la vallee et d'abord facile.
Quand la veine qu'on avait resolu d'attaquer courait dans une des
couches basses de la montagne, on y creusait des couloirs et des
chambres qui s'enfoncent parfois assez loin. Des piliers carres, menages
d'espace en espace, soutenaient le plafond, et des steles, gravees aux
endroits les plus apparents, apprenaient a la posterite le nom du roi et
des ingenieurs qui avaient commence ou repris les travaux. Plusieurs de
ces carrieres epuisees ou abandonnees ont ete transformees en chapelles;
ainsi le Speos-Artemidos, que Thoutmos III et Seti Ier consacrerent a la
deesse locale Pakhit. Les plus importantes de celles qui donnaient le
calcaire sont a Tourah et a Massarah, presque en face de Memphis. La
pierre en etait tres recherchee des sculpteurs et des architectes; elle
se prete merveilleusement a toutes les delicatesses du ciseau, durcit a
l'air et se revet d'une patine dont les tons cremeux reposent l'oeil.
Les gisements de gres les plus vastes etaient a Silsilis (Fig.46), et
on les exploitait a ciel ouvert. Ils offrent des escarpements de quinze
a seize metres, quelquefois dresses a pic dans toute leur hauteur,
quelquefois divises en etages ou l'on arrive au moyen d'escaliers a
peine assez larges pour un seul homme. Les parois en sont couvertes de
stries paralleles, tantot horizontales, tantot inclinees alternativement
de gauche a droite ou de droite a gauche, de maniere a former des lignes
de chevrons tres obtus, et serrees, comme en un cadre rectangulaire,
entre des rainures larges de trois ou quatre centimetres, longues de
deux ou meme de trois metres; ce sont les cicatrices de l'outil antique,
et elles nous montrent comment les Egyptiens s'y prenaient pour detacher
les blocs. On les dessinait sur place a l'encre rouge, quelquefois en la
forme qu'ils devaient avoir dans l'edifice projete; les membres de la
commission d'Egypte copierent dans les carrieres
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