atir devait s'elever sur
l'emplacement d'une maison anterieure, ecroulee de vetuste ou detruite
par un accident quelconque, on ne prenait pas la peine d'abattre les
murs jusqu'au ras de terre. On egalisait la surface des decombres et on
construisait a quelques pieds plus haut que precedemment: aussi chaque
ville est-elle assise sur une ou plusieurs buttes artificielles, dont
les sommets dominent parfois de 20 ou 30 metres la campagne
environnante. Les historiens grecs attribuaient ce phenomene
d'exhaussement a la sagesse des rois, de Sesostris en particulier, qui
avaient voulu mettre les cites a l'abri des eaux, et les modernes ont
cru reconnaitre le procede employe a cet effet: on construisait des murs
massifs de brique, entre-croises en damier, on comblait les intervalles
avec des terres de deblayement, et on elevait les maisons sur ce patin
gigantesque. Partout ou j'ai fait des fouilles, a Thebes specialement,
je n'ai rien vu qui repondit a cette description; les murs entrecoupes
qu'on rencontre sous les debris des maisons relativement modernes
ne sont que des restes de maisons anterieures, qui reposaient
elles-memes sur les restes de maisons plus vieilles encore. Le peu de
profondeur des fondations n'empechait pas les macons de monter hardiment
la batisse: j'ai note dans les ruines de Memphis des pans encore debout
de 10 et 12 metres de haut. On ne prenait alors d'autre precaution que
d'elargir la base des murs et de vouter les etages (Fig.2). L'epaisseur
ordinaire etait de 0m,40 environ pour une maison basse, mais pour une
maison a plusieurs etages, on allait jusqu'a 1 metre ou 1m,25; des
poutres, couchees dans la maconnerie d'espace en espace, la liaient et
la consolidaient. Souvent aussi on batissait le rez-de-chaussee en
moellons bien appareilles et on releguait la brique aux etages
superieurs. Le calcaire de la montagne voisine est la seule pierre dont
on se soit servi regulierement en pareil cas. Les fragments de gres, de
granit ou d'albatre qui y sont meles, proviennent generalement d'un
temple ruine: les Egyptiens d'alors n'avaient pas plus scrupule que ceux
d'aujourd'hui a depecer leurs monuments des qu'on cessait de les
surveiller.
[Illustration: Fig. 2--Maison antique a etages voutes, contre la
muraille nord du grand temple de Medinet-Habou.]
Les petites gens vivaient dans de vraies huttes qui, pour etre baties en
briques, ne valaient guere mieux que les cabanes des fellahs. A Karnak,
dans la ville ph
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