meme pas celle d'un medecin quelconque: c'est celle du medecin qui a
constate la mort et qui, plus que personne, a qualite, a autorite pour
dire comment elle a ete donnee,--par surprise, sans lutte, sans bouton
arrache.
--Ce n'est pas M. Saniel qui dirige les recherches de la police, ni qui
les inspire, repondit Florentin; son opinion ne donne pas un coupable,
tandis que le bouton peut en donner un, au moins pour ceux qui croient
a la lutte, et entre les deux la police ne peut pas hesiter: deja on la
raille dans les journaux de n'avoir pas encore decouvert l'assassin, qui
va rejoindre tous ceux qu'elle a laisses echapper, il faut qu'elle suive
la piste sur laquelle elle s'est engagee, et cette piste....
Il baissa la voix:
--C'est ici qu'elle peut l'amener.
--Pour cela, il faudrait qu'elle passat par l'avenue de Clichy, et c'est
ce qui parait invraisemblable.
--C'est le possible qui me tourmente, ce n'est pas le vraisemblable, et
tu ne peux pas ne pas reconnaitre que ce que je crains est possible:
j'ai ete chez Caffie le jour du crime, j'y ai perdu un bouton arrache
avec violence, ce bouton ramasse par la police prouve, selon elle la
culpabilite de celui a qui il a appartenu; qu'elle trouve que je suis
celui-la...
--Elle ne le trouvera pas.
--....Admettons qu'elle le trouve, comment me defendrais-je?
--En prouvant que tu n'etais pas rue Sainte-Anne entre cinq et six
heures, puisque tu etais ici.
--Et quels temoins attesteront cet alibi? Je n'en ai qu'un: maman. Que
vaut le temoignage d'une mere en faveur de son fils dans de pareilles
circonstances?
--Tu auras celui du docteur affirmant qu'il n'y a pas eu lutte, ni, par
consequent, de bouton arrache.
--Affirmant, mais n'apportant aucune preuve a l'appui de son sentiment;
opinion de medecin que l'opinion d'un autre medecin peut combattre et
detruire! Et puis, pour demontrer qu'il n'y a pas eu lutte, M. Saniel
met en avant la surprise. Qui a pu surprendre Caffie? Ce n'est-pas le
premier venu, n'est-ce pas? De meme, ce n'est pas non plus le premier
venu qui a pu s'introduire dans la maison, entrer et sortir en echappant
a la surveillance de la concierge. Celui-la, bien sur, etait au courant
des habitudes de la maison. De plus, il savait que, pour se faire ouvrir
la porte par Caffie quand le clerc etait sorti, il fallait sonner
d'abord et ensuite frapper trois coups d'une certaine maniere. Qui mieux
que moi savait tout cela?
C'etait pied a pied qu
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