emes, des moindres
details du voyage que mon pere faisait alors en Espagne avec M. de
Norpois. Mais il n'etait pas possible malgre cela de s'arreter a l'idee
que la liaison, depuis plus de vingt ans, de Mme de Villeparisis avec
l'Ambassadeur put etre la cause du declassement de la marquise dans un
monde ou les femmes les plus brillantes affichaient des amants moins
respectables que celui-ci, lequel d'ailleurs n'etait probablement plus
depuis longtemps pour la marquise autre chose qu'un vieil ami. Mme de
Villeparisis avait-elle eu jadis d'autres aventures? etant alors d'un
caractere plus passionne que maintenant, dans une vieillesse apaisee et
pieuse qui devait peut-etre pourtant un peu de sa couleur a ces annees
ardentes et consumees, n'avait-elle pas su, en province ou elle avait
vecu longtemps, eviter certains scandales, inconnus des nouvelles
generations, lesquelles en constataient seulement l'effet dans la
composition melee et defectueuse d'un salon fait, sans cela, pour etre
un des plus purs de tout mediocre alliage? Cette "mauvaise langue" que
son neveu lui attribuait lui avait-elle, dans ces temps-la, fait des
ennemis? l'avait-elle poussee a profiter de certains succes aupres des
hommes pour exercer des vengeances contre des femmes? Tout cela etait
possible; et ce n'est pas la facon exquise, sensible--nuancant si
delicatement non seulement les expressions mais les intonations--avec
laquelle Mme de Villeparisis parlait de la pudeur, de la bonte, qui
pouvait infirmer cette supposition; car ceux qui non seulement parlent
bien de certaines vertus, mais meme en ressentent le charme et les
comprennent a merveille (qui sauront en peindre dans leurs Memoires une
digne image), sont souvent issus, mais ne font pas eux-memes partie, de
la generation muette, fruste et sans art, qui les pratiqua. Celle-ci se
reflete en eux, mais ne s'y continue pas. A la place du caractere
qu'elle avait, on trouve une sensibilite, une intelligence, qui ne
servent pas a l'action. Et qu'il y eut ou non dans la vie de Mme de
Villeparisis de ces scandales qu'eut effaces l'eclat de son nom, c'est
cette intelligence, une intelligence presque d'ecrivain de second ordre
bien plus que de femme du monde, qui etait certainement la cause de sa
decheance mondaine.
Sans doute c'etaient des qualites assez peu exaltantes, comme la
ponderation et la mesure, que pronait surtout Mme de Villeparisis; mais
pour parler de la mesure d'une facon entierement adequat
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