ut dit, le chevalier avait
activement cherche un moyen d'evasion.
Il avait sonde les murs: leur epaisseur--peut-etre cinq ou six
pieds--defiait toute tentative; il eut fallu un an pour arriver a les
percer sans le secours des instruments necessaires--et pour aboutir ou?
Sans doute dans quelque cachot voisin.
Quant a la lucarne, par ou filtrait une lumiere avare de ses rayons, il
n'y avait meme pas moyen d'atteindre les barreaux.
La porte etait en chene massif, bardee de fer, herissee de clous
enormes.
L'emploi de la force etant inutile, le chevalier songea a la ruse. Un
soir, il se mit a plat ventre, la tete contre la chatiere, appela la
sentinelle et lui offrit cinq cents ecus d'or s'il voulait l'aider a
sortir, ne doutant pas que le duc de Montmorency ne payat la dette. La
sentinelle repondit que M. de Montluc, le gouverneur, avait une telle
defiance, qu'il gardait chez lui les clefs des cachots ou se trouvaient
les prisonniers les plus importants; que, meme eut-il ces clefs, lui,
soldat, n'ouvrirait pas pour tout l'or du royaume, vu qu'il tenait a sa
tete plus encore qu'a la richesse.
--Tu vois? dit le vieux Pardaillan. Puisque nous n'avons plus que deux
ou trois jours a vivre, tachons de les vivre calmement. Ah! si tu
m'avais ecoute, chevalier! Si tu avais suivi mes conseils! Or ca,
qu'as-tu a soupirer? Regretterais-tu de mourir?
--Ma foi oui, monsieur, repondit le chevalier dans la simplicite de son
ame. J'aime la vie, je l'avoue. Et puis, il me semble que j'avais un
role a jouer et que j'en ai esquisse les premiers gestes a peine.
J'eusse voulu etre un de ces hommes simples et dignes qui, la lance au
poing, le coeur ferme et l'esprit libre, s'en allaient par le monde,
afin de terroriser les mechants et de reconforter les faibles!
C'est en devisant de ces choses que les deux Pardaillan--evitant avec
soin de parler de Loise, l'un pour ne pas eveiller une supreme douleur
chez son fils, l'autre pour ne pas pleurer,--atteignirent la nuit du
vendredi, la derniere nuit.
Comme tous les soirs, ils s'endormirent paisiblement.
Comme tous les matins, le vieux Pardaillan se reveilla le premier, vers
six heures. Un mince filet de jour se jouait sur le visage du chevalier;
il souriait, revant sans doute de Loise.
Le routier le contempla avec une inexprimable expression de tendresse et
de douleur. L'heure terrible etait arrivee. Un leger mouvement qu'il fit
reveilla le jeune homme. Il ouvrit les yeux et vit
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