virons de Paris, tous les meurtres ne s'etaient pas bornes a ceux
dont on a deja lu le recit. Il s'etait forme dans cette ville une troupe
d'assassins que les massacres de septembre avaient familiarises avec le
sang, et qui avaient besoin d'en repandre encore. Deja quelques cents
hommes etaient partis pour extraire des prisons d'Orleans les accuses de
haute trahison. Ces malheureux, par un dernier decret, devaient etre
conduits a Saumur. Cependant leur destination fut changee en route, et ils
furent achemines vers Paris. Le 9 septembre on apprit qu'ils devaient
arriver le 10 a Versailles. Aussitot, soit que de nouveaux ordres fussent
donnes a la bande des egorgeurs, soit que la nouvelle de cette arrivee
suffit pour reveiller leur ardeur sanguinaire, ils envahirent Versailles
du 9 au 10. A l'instant le bruit se repandit que de nouveaux massacres
allaient etre commis. Le maire de Versailles prit toutes les precautions
pour empecher de nouveaux malheurs. Le president du tribunal criminel
courut a Paris avertir le ministre Danton du danger qui menacait les
prisonniers; mais il n'obtint qu'une reponse a toutes ses instances: _Ces
hommes-la sont bien coupables_. "Soit, ajouta le president Alquier, mais
la loi seule doit en faire justice.--Eh! ne voyez-vous pas, reprit Danton
d'une voix terrible, que je vous aurais deja repondu d'une autre maniere
si je le pouvais! Que vous importent ces prisonniers? Retournez a vos
fonctions et ne vous occupez plus d'eux..."
Le lendemain, les prisonniers arriverent a Versailles. Une foule d'hommes
inconnus se precipiterent sur les voitures, parvinrent a les entourer et a
les separer de l'escorte, renverserent de cheval le commandant Fournier,
enleverent le maire, qui voulait genereusement se faire tuer a son poste,
et massacrerent les infortunes prisonniers, au nombre de cinquante-deux.
La perirent Delessart et d'Abancourt, mis en accusation comme ministres,
et Brissac, comme chef de la garde constitutionnelle, licenciee sous la
legislative. Immediatement apres cette execution, les assassins coururent
aux prisons de la ville, et renouvelerent les scenes des premiers jours de
septembre, en employant les memes moyens, et en parodiant, comme a Paris,
les formes judiciaires. Ce dernier evenement, arrive a cinq jours
d'intervalle du premier, acheva de produire une terreur universelle. A
Paris, le comite de surveillance ne ralentit point son action: tandis que
les prisons venaient d'etre videes par
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