s genante,
car si je ne voulais pas blesser les opinions du general, d'un autre
cote il ne me convenait pas de donner un dementi aux miennes; c'etait
assez de mon premier mensonge.
--Je serais assez embarrasse pour vous dire le sentiment de mes hommes,
car, a parler franchement, je crois qu'ils n'en ont pas; j'ai entendu
parler d'une grande propagande socialiste qui se faisait dans l'armee et
encore plus d'une tres-grande propagande bonapartiste; mais chez nous ni
l'une ni l'autre n'a reussi.
--Aupres des soldats, bien; mais aupres des officiers? Nous sommes
dans une situation ou les gens qui sont capables d'intelligence et de
raisonnement doivent prendre un parti. Il y a plus de deux ans que le
prince Louis-Napoleon a ete nomme president de la Republique, qu'a-t-il
pu faire depuis ce temps-la pour la bonheur de la France?
--Rien.
--Pourquoi n'a-t-il rien fait? Tout simplement parce qu'il est empeche
par les partis royalistes, qui ont l'influence dans l'Assemblee. Ces
partis font-ils eux-memes quelque chose d'utile? Rien que de se disputer
le pouvoir, sans avoir personne en etat de l'exercer. Incapables de
faire, ils n'ont de puissance que pour empecher de faire. Avec eux, tout
gouvernement est impossible: la Republique aussi bien que la monarchie.
Cela peut-il durer? Non, n'est-ce pas? Il faut donc que cela cesse; et
cela ne peut cesser que par le retablissement de l'empire.
--Et que serait l'empire sans un empereur? Je ne crois pas qu'un homme
comme Napoleon se remplace.
--Non; mais on peut le continuer en s'inspirant de ses idees, et son
neveu est son heritier.
--Par droit de naissance, peut-etre; mais la naissance ne suffit pas
pour une tache aussi grande.
--C'est la tentative de Strasbourg qui vous fait parler ainsi; je vous
concede que c'etait une affaire mal combinee, et cependant voyez quel
effet a produit cette tentative: des officiers qui ne connaissaient pas
ce jeune homme se sont laisse entrainer par l'influence de son nom, et
des soldats ont refuse de marcher contre lui parce qu'il etait le
neveu de l'empereur. Cela ne prouve-t-il pas la puissance du prestige
napoleonien?
--Je ne nie pas ce prestige, et je crois qu'une partie de la nation le
subit, mais je doute que celui dont vous parlez soit de taille a le
porter et a l'exercer.
--Je ne pense pas comme vous; en admettant que ce que vous dites ait
ete juste un moment, cela ne le serait plus maintenant, car precisement
l'affaire de S
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