ire que M. Vulfran
ne prend cette petite que pour lui traduire les lettres et les
depeches qu'il recoit des Indes."
Puis avec une bonhomie affectee:
"C'est tout de meme malheureux que vous, monsieur Casimir, qui
avez tout appris, vous ne sachiez pas l'anglais. Ca vous tiendrait
au courant de ce qui se passe. Sans compter que ca vous
debarrasserait de cette petite, qui est en train de prendre au
chateau une place a laquelle elle n'a pas droit. Il est vrai que
vous trouverez peut-etre un autre moyen, et meilleur que celui-ci,
pour en arriver la; et si je peux vous aider, vous savez que vous
pouvez compter sur moi... sans paraitre en rien bien entendu."
Tout en parlant il jetait de temps en temps et a la derobee un
rapide coup d'oeil dans les cours, plutot par force d'habitude que
par besoin immediat; a ce moment, il vit venir le facteur du
telegraphe, qui, sans se presser, musait a droite et a gauche.
"Justement, dit-il, voila qu'arrive une depeche qui est peut-etre
la reponse a celle qui a ete envoyee a Dakka. C'est tout de meme
ennuyeux pour vous, que vous ne puissiez pas savoir ce qu'elle
contient, de facon a etre les premiers a annoncer au patron le
retour de son fils. Quelle joie, hein? Moi, mes lampions sont
prets pour illuminer. Mais voila, vous ne savez pas l'anglais, et
cette petite le sait, elle."
Quelque regret qu'il eut a mettre un pas devant l'autre, le
porteur de depeches etait enfin arrive au bas de l'escalier;
vivement Talouel alla au-devant de lui:
"Eh bien, tu sais, toi, tu ne t'amenes pas trop vite, dit-il.
-- Faut-il s'en faire mourir?"
Sans repondre, Talouel prit la depeche, et la porta a M. Vulfran
avec un empressement bruyant.
"Voulez-vous que je l'ouvre? demanda-t-il.
-- Parfaitement."
Mais il n'eut pas dechire le papier dans la ligne pointillee qu'il
s'ecria:
"Elle est en anglais.
-- Alors c'est l'affaire d'Aurelie", dit M. Vulfran avec un geste
auquel le directeur ne pouvait pas ne pas obeir.
Aussitot que la porte fut refermee, elle traduisit la depeche:
"L'ami, Leserre, negociant francais, dernieres nouvelles cinq ans;
Dehra, reverend pere Mackerness, lui ecris selon votre desir."
-- Cinq ans, s'ecria M. Vulfran, qui tout d'abord ne fut sensible
qu'a cette indication; que s'est-il passe depuis cette epoque, et
comment suivre une piste apres cinq annees ecoulees?"
Mais il n'etait pas homme a se perdre dans des plaintes inutiles;
ce fut ce qu'il expliqua lu
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