ui."
Perrine tira le verrou, et vivement Mme Bretoneux se glissa dans
la chambre, tandis que Perrine pressait le bouton de la lumiere
electrique.
"Couchez-vous, dit Mme Bretoneux, nous serons mieux pour causer."
Et, prenant une chaise, elle s'assit au pied du lit de facon a
avoir Perrine devant elle; puis ensuite elle commenca:
"C'est de mon frere que j'ai a vous parler, a propos de certaines
recommandations que je veux vous adresser. Puisque vous remplacez
Guillaume aupres de lui, vous pouvez prendre des precautions
utiles a sa sante et dont Guillaume, malgre tous ses defauts,
l'entourait. Vous paraissez intelligente, bonne petite fille, il
est donc certain que, si vous le voulez, vous pouvez nous rendre
les memes services que Guillaume; je vous promets que nous saurons
le reconnaitre."
Aux premiers mots, Perrine s'etait rassuree: puisqu'on voulait lui
parler de M. Vulfran, elle n'avait rien a craindre; mais quand
elle entendit Mme Bretoneux lui dire qu'elle paraissait
intelligente, sa defiance se reveilla, car il etait impossible que
Mme Bretoneux qui, elle, etait vraiment intelligente et fine, put
etre sincere en parlant ainsi; or, si elle n'etait pas sincere, il
importait de se tenir sur ses gardes.
"Je vous remercie, madame, dit-elle en exagerant son sourire
niais, bien sur que je ne demande qu'a vous rendre les memes
services que Guillaume."
Elle souligna ces derniers mots de facon a laisser entendre qu'on
pouvait tout lui demander.
"Je disais bien que vous etiez intelligente, reprit Mme Bretoneux,
et je crois que nous pouvons compter sur vous.
-- Vous n'avez qu'a commander, madame.
-- Tout d'abord, ce qu'il faut, c'est que vous soyez attentive a
veiller sur la sante de mon frere et a prendre toutes les
precautions possibles pour qu'il ne gagne pas un coup de froid qui
peut etre mortel, en lui donnant une de ces congestions
pulmonaires auxquelles il est sujet, ou qui aggrave sa bronchite.
Savez-vous que si cette bronchite se guerissait, on pourrait
l'operer et lui rendre la vue? Songez quelle joie ce serait pour
nous tous."
Cette fois, Perrine repondit:
"Moi aussi, je serais bien heureuse.
-- Cette parole prouve vos bons sentiments, mais vous, si
reconnaissante que vous soyez de ce qu'on fait pour vous, vous
n'etes pas de la famille."
Elle reprit son air niais.
"Bien sur, mais ca n'empeche pas que je sois attachee a
M. Vulfran, vous pouvez me croire.
-- Justement, vous pouv
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