reuves de mon affection?
-- Etait-elle celle d'un pere? je n'osais le croire.
-- Et il a fallu que, mes soupcons s'etant precises apres des
luttes cruelles, des hesitations, des esperances aussi bien que
des doutes que tu m'aurais epargnes en parlant plus tot, j'emploie
Fabry pour t'obliger a te jeter dans mes bras!
-- La joie de l'heure presente ne prouve-t-elle pas qu'il etait
bon qu'il en fut ainsi?
-- Enfin c'est bien, laissons cela, et dis-moi ce que tu m'as
cache, me laissant poursuivre des recherches que d'un mot tu
pouvais satisfaire...
-- En me decouvrant.
-- Parle-moi de ton pere; comment etes-vous arrives a Serajevo?
Comment etait-il photographe?
-- Ce qu'a ete notre vie dans l'Inde, vous pouvez..."
Il l'interrompit:
"Dis-moi tu; c'est a ton grand-pere que tu parles, non plus a
M. Vulfran.
-- Par les lettres que tu as recues tu sais a peu pres ce qu'a ete
cette vie; je te la reconterai plus tard, avec nos chasses aux
plantes, nos chasses aux betes, tu verras ce qu'etait le courage
de papa, la vaillance de maman, car je ne peux pas te parler de
lui sans te parler d'elle...
-- Ne crois pas que ce que Fabry vient de m'apprendre d'elle, en
me disant son refus d'entrer a l'hopital ou elle aurait peut-etre
ete sauvee, et cela pour ne pas t'abandonner, ne m'a pas emu.
-- Tu l'aimeras, tu l'aimeras.
-- Tu me parleras d'elle.
-- ... Je te la ferai connaitre, je te la ferai aimer. Je passe
donc la-dessus. Nous avions quitte l'Inde pour revenir en France,
quand, arrive a Suez, papa perdit l'argent qu'il avait emporte. Il
lui fut vole par des gens d'affaires. Je ne sais comment."
M. Vulfran eut un geste qui semblait dire que lui savait ce
comment.
"N'ayant plus d'argent, au lieu de venir en France, nous partimes
pour la Grece, ce qui coutait moins cher de voyage. A Athenes,
papa, qui avait des instruments pour la photographie, fit des
portraits dont nous vecumes. Puis il acheta une roulotte, un ane,
Palikare, qui m'a sauve la vie, et il voulut revenir en France par
terre, en faisant des portraits le long de la route. Mais qu'on en
faisait peu, helas! et que la route etait dure dans les montagnes,
ou le plus souvent il n'y avait que de mauvais sentiers dans
lesquels Palikare aurait du se tuer vingt fois par jour. Je t'ai
dit comment papa etait tombe malade a Bousovatcha. Je te demande a
ne pas te raconter sa mort aujourd'hui, je ne pourrais pas. Quand
il ne fut plus avec nous, il fa
|