a la
fatigue, a l'epuisement, a la misere qu'elle a succombe; de meme
j'ai vu le medecin qui l'a soignee, le docteur Cendrier qui
demeure a Charonne, rue Riblette; il avait voulu l'envoyer a
l'hopital, mais elle a refuse de se separer de sa fille. Enfin,
pour completer mon enquete, ils m'ont envoye rue du Chateau-des-
Rentiers chez une marchande de chiffons appelee La Rouquerie, que
j'ai rencontree hier seulement au moment ou elle rentrait de la
campagne.
Fabry fit une pause, et, pour la premiere fois, se tournant vers
Perrine qu'il salua respectueusement:
"J'ai vu Palikare, mademoiselle, il va bien."
Depuis un moment deja Perrine s'etait levee, et elle regardait,
elle ecoutait eperdue, un flot de larmes jaillit de ses yeux.
Fabry continua:
"Fixee sur l'identite de la mere, il me restait a savoir ce
qu'etait devenue la fille, c'est ce que m'a appris La Rouquerie en
me racontant la rencontre qu'elle avait faite dans les bois de
Chantilly d'une pauvre enfant mourant de faim, retrouvee par son
ane.
"Et toi, s'ecria M. Vulfran se tournant vers Perrine qui tremblait
de la tete aux pieds, ne me diras-tu pas pourquoi cette enfant ne
s'est pas fait connaitre, ne me l'expliqueras-tu pas, toi qui peux
descendre dans le coeur d'une jeune fille...?"
Elle fit quelques pas vers lui.
Il continua:
"Pourquoi elle ne vient pas dans mes bras ouverts...?
-- Mon Dieu!
-- Ceux de son grand-pere."
XL
Fabry s'etait retire, laissant en tete-a-tete le grand-pere et la
petite-fille.
Mais ils etaient si emus qu'ils restaient les mains dans les mains
sans parler, n'echangeant que des mots de tendresse:
"Ma fille, ma chere petite-fille!
-- Grand-papa!"
Enfin, quand ils se remirent un peu du trouble qui les
bouleversait, il l'interrogea:
"Pourquoi ne t'es-tu pas fait connaitre? demanda-t-il.
-- Ne l'ai-je pas tente plusieurs fois? rappelez-vous ce que vous
m'avez dit un jour, le dernier ou j'ai fait allusion a maman et a
moi: "Plus jamais, tu entends, plus jamais, ne me parle de ces
miserables".
-- Pouvais-je soupconner que tu etais ma fille?
-- Si cette fille s'etait presentee franchement devant vous, ne
l'auriez-vous pas chassee sans vouloir l'entendre?
-- Qui sait ce que j'aurais fait!
-- C'est alors que j'ai decide de ne me faire connaitre que le
jour ou, selon la recommandation de maman, je me serais fait
aimer.
-- Et tu as attendu si longtemps! N'avais-tu pas a chaque instant
des p
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