me Paindavoine; mais elle ne recut ni l'une ni
l'autre, ce qui lui fit comprendre qu'on ne croyait plus avoir
besoin d'elle, au moins pour le moment. Qu'etait-elle en effet
dans cette maison? Maintenant c'etait le frere de M. Vulfran, sa
soeur, ses neveux, ses nieces, ses heritiers, enfin, qui y etaient
les maitres.
Elle s'attendait aussi a ce que M. Vulfran l'appellerait pour
qu'elle le conduisit a l'eglise, comme elle le faisait tous les
dimanches depuis qu'elle avait remplace Guillaume; mais il n'en
fut rien, et quand les cloches, qui depuis la veille sonnaient des
glas de quart d'heure en quart d'heure, annoncerent la messe, elle
le vit monter en landau appuye sur le bras de son frere,
accompagne de sa soeur et de sa belle-soeur, tandis que les
membres de la famille prenaient place dans les autres voitures.
Alors, n'ayant pas de temps a perdre, elle qui devait faire a pied
le trajet du chateau a l'eglise, elle partit au plus vite.
Elle quittait une maison sur laquelle la Mort avait etendu son
linceul; elle fut surprise en traversant a la hate les rues du
village, de remarquer qu'elles avaient leur air des dimanches,
c'est-a-dire que les cabarets etaient pleins d'ouvriers qui
buvaient en bavardant avec un tapage assourdissant, tandis que le
long des maisons, assises sur des chaises, ou sur le pas de leur
porte, les femmes causaient et que les enfants jouaient dans les
cours. Personne n'assisterait-il donc au service?
En entrant dans l'eglise ou elle avait eu peur de ne pas pouvoir
entrer, elle la vit a moitie vide: dans le choeur etait rangee la
famille; ca et la se montraient les autorites du village, les
fournisseurs, le haut personnel des usines, mais rares, tres rares
etaient les ouvriers, hommes, femmes, enfants qui, en cette
journee dont les consequences pouvaient etre si graves pour eux
cependant, avaient eu la pensee de venir joindre leurs prieres a
celles de leur patron.
Le dimanche sa place etait a cote de M, Vulfran, mais comme elle
n'avait pas qualite pour l'occuper, elle prit une chaise a cote de
Rosalie qui accompagnait sa grand'mere en grand deuil.
"Helas! mon pauvre petit Edmond, murmura la vieille nourrice qui
pleurait, quel malheur! Qu'est-ce que dit M. Vulfran?"
Mais l'office qui commencait dispensa Perrine de repondre, et ni
Rosalie, ni Francoise ne lui adresserent plus la parole, voyant
combien elle etait bouleversee.
A la sortie, elle fut arretee par Mlle Belhomme qui, comme
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