s enfants de ses
ouvrieres fussent exposes a etre brules ou tues par toutes sortes
de maladies resultant des mauvais soins qu'ils trouvaient chez
celles qui les gardaient, il allait faire construire une creche
dans laquelle ces enfants seraient recus, nourris, eleves
gratuitement jusqu'a l'age de trois ans. Entre sa creche et leurs
garderies il n'y avait pas de lutte possible. S'ils voulaient
vendre leurs maisons, il les acheterait moyennant une somme fixe
et une rente viagere. S'ils ne voulaient pas, ils n'avaient qu'a
les garder; le terrain ne lui manquerait pas. Ils avaient jusqu'au
lendemain matin onze heures pour se decider; a midi il serait trop
tard.
Au centre du village se dressent d'autres toits rouges beaucoup
plus hauts, plus longs, plus imposants: ce sont ceux d'un groupe
de batiments a peine acheves dans lesquels sont etablis des
logements separes, des refectoires, des restaurants, des cantines,
des magasins d'approvisionnement pour les ouvriers celibataires,
hommes et femmes; et pour ces batiments M. Vulfran a employe le
meme procede d'expropriation que pour la creche.
Precedemment se trouvaient la plusieurs vieilles maisons
appropriees tant bien que mal, en realite aussi mal que possible,
au logement en chambrees des ouvriers et en cabinets. Il a fait
appeler les proprietaires de ces maisons, et leur a tenu un
langage a peu pres analogue a celui dont il s'est deja servi:
"Depuis longtemps on se plaint violemment des chambrees dans
lesquelles vous couchez mes ouvriers, et c'est aux mauvaises
conditions dans lesquelles sont etablis ces logements qu'on
attribue les maladies de poitrine et la fievre typhoide qui tuent
tant de monde. Je ne peux pas tolerer cela plus longtemps. J'ai
donc resolu de faire construire deux hotels dans lesquels
j'offrirai aux ouvriers celibataires, hommes et femmes, une
chambre separee et exclusive pour trois francs par mois. En meme
temps j'amenagerai les rez-de-chaussee en refectoires et en
restaurants ou je donnerai un diner compose de soupe, de ragout ou
de roti, de pain et de cidre pour soixante-dix centimes. Si vous
voulez me vendre vos maisons, j'eleverai mes hotels sur leur
emplacement. Si vous ne voulez pas, gardez-les. Ma combinaison est
dans votre interet, car j'ai ailleurs des terrains ou mes
constructions me couteront beaucoup moins cher. Vous avez jusqu'a
onze heures demain pour reflechir; a midi il serait trop tard.
Sur ces terrains eparpilles un peu partou
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