oir Mme Bretoneux, on s'etait donc conforme a l'usage
etabli et en debarquant a la gare de Picquigny elle avait trouve
le landau avec cocher et valet de pied pour l'amener a Maraucourt,
comme en descendant de voiture elle avait trouve Bastien pour la
conduire a l'appartement, toujours le meme, qui lui etait reserve
au premier etage.
Mais malgre cela, la vie de travail de M. Vulfran et de ses
neveux, meme celle de Casimir, n'avait ete modifiee en rien: il
verrait sa soeur aux heures des repas, il passerait la soiree avec
elle, rien de plus, les affaires avant tout; quant au fils et au
neveu, il en serait de meme pour eux, ils dejeuneraient et
dineraient au chateau, ou ils resteraient le soir aussi tard
qu'ils voudraient, mais ce serait tout: sacrees les heures de
bureau.
Sacrees pour les neveux, elles l'etaient aussi pour M. Vulfran et
par consequent pour Perrine, de sorte que Mme Bretoneux n'avait
pas pu organiser et poursuivre son enquete sur "la bohemienne"
comme elle l'aurait voulu.
Interroger Bastien et les femmes de chambre, aller chez Francoise
pour la questionner adroitement, ainsi que Zenobie et Rosalie,
etait simple et, de ce cote, elle avait obtenu tous les
renseignements qu'on pouvait lui donner, au moins ceux qui se
rapportaient a l'arrivee dans le pays de "la bohemienne", a la
facon dont elle avait vecu depuis ce moment, enfin a son
installation aupres de M. Vulfran, due exclusivement, semblait-il,
a sa connaissance de l'anglais; mais examiner Perrine elle-meme
qui ne quittait pas M. Vulfran, la faire parler, voir ce qu'elle
etait et ce qu'il y avait en elle, chercher ainsi les causes de
son succes subit, ne se presentait pas dans des conditions faciles
a combiner.
A table, Perrine ne disait absolument rien; le matin, elle parlait
avec M. Vulfran; apres le dejeuner, elle montait tout de suite a
sa chambre; au retour de la tournee des usines, elle travaillait
avec Mlle Belhomme; le soir en sortant de table, elle montait de
nouveau a sa chambre; alors, quand, ou et comment la prendre pour
l'avoir seule et librement la retourner?
De guerre lasse, Mme Bretoneux, la veille de son depart, se decida
a l'aller trouver dans sa chambre, ou Perrine, qui se croyait
debarrassee d'elle, dormait tranquillement.
Quelques coups frappes a sa porte, l'eveillerent; elle ecouta, on
frappa de nouveau.
Elle se leva et alla a la porte a tatons:
"Qui est la?
-- Ouvrez, c'est moi.
-- Mme Bretoneux?
-- O
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