il y aurait separation entre eux."
Comme elle ne repondait rien malgre l'envie qu'elle en avait, il
s'en facha:
"Tu ne dis rien.
-- C'est que je n'ose pas ne pas etre d'accord avec vous.
-- Tu sais bien que je veux que tu me dises tout ce que tu penses.
-- Vous le voulez pour certaines choses, vous ne le voulez pas
pour d'autres. Ne m'avez-vous pas defendu d'aborder jamais ce qui
se rapporte a... cette jeune fille? Je ne veux pas m'exposer a
vous facher.
-- Tu ne me facheras pas en disant les raisons pour lesquelles tu
admets qu'elles ont pu venir en Bosnie.
-- D'abord parce que la Bosnie n'est pas un pays inabordable pour
des femmes, surtout quand ces femmes ont voyage dans les montagnes
de l'Inde, qui ne ressemblent en rien pour les fatigues et les
dangers a celles des Balkans. Et puis d'un autre cote, si
M. Edmond ne faisait que traverser la Bosnie, je ne vois pas
pourquoi sa femme et sa fille ne l'auraient pas accompagne,
puisque les lettres que vous avez recues des differentes contrees
de l'Inde disent que partout elles etaient avec lui. Enfin il y a
encore une autre consideration que je n'ose pas vous dire,
precisement parce qu'elle n'est pas d'accord avec vos esperances.
-- Dis-la quand meme.
-- Je la dirai, mais a l'avance je vous demande de ne voir dans
mes paroles que le souci de votre sante, qui serait atteinte au
cas ou votre attente serait decue; ce qui est possible n'est-ce
pas?
-- Explique-toi clairement.
-- De ce que M. Edmond etait a Serajevo au mois de novembre, vous
concluez qu'il doit etre de retour ici... bientot.
-- Evidemment.
-- Et cependant on peut ne pas le retrouver.
-- Je n'admets pas cela.
-- Une raison ou une autre peut l'empecher de revenir... N'est-il
pas possible qu'il ait disparu?
-- Disparu?
-- S'il etait retourne aux Indes... ou ailleurs; s'il etait parti
pour l'Amerique?
-- Les si entasses les uns par-dessus les autres conduisent a
l'absurde.
-- Sans doute, monsieur, mais en choisissant ceux qu'on desire et
en repoussant les autres on s'expose...
-- A quoi?
-- Quand ce ne serait qu'a l'impatience. Voyez dans quel etat
agite vous etes depuis que vous avez recu cette nouvelle de
Serajevo; et cependant les delais ne sont pas ecoules pour que la
reponse vous soit parvenue. Vous ne toussiez presque plus; vous
avez maintenant plusieurs acces par jour et aussi des
palpitations, de l'essoufflement: votre visage rougit a chaque
instant; le
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