est-ce que va dire tante Zenobie?
-- Dame!
-- Ma foi tant pis; je me suis bien amusee. Et vous?
-- Si vous vous etes amusee, vous qui avez avec qui vous
entretenir toute la journee, pensez ce qu'a ete notre promenade
pour moi qui n'ai personne.
-- C'est vrai tout de meme."
Heureusement la tante Zenobie etait occupee a servir les
pensionnaires, de sorte que l'arrangement se fit avec mere
Francoise, ce qui permit qu'il se conclut assez promptement sans
etre trop dur: cinquante francs par mois pour deux repas par jour,
douze francs pour un cabinet orne d'une petite glace avec une
fenetre et une table de toilette.
A huit heures Perrine dinait seule a sa table dans la salle
commune une serviette sur ses genoux; a huit heures et demie elle
allait chercher ses vetements qui se trouvaient prets; et a neuf
heures, dans son cabinet dont elle fermait la porte a clef, elle
se coucha un peu troublee, un peu grisee, la tete vacillante, mais
au fond pleine d'espoir. Maintenant on allait voir.
Ce qu'elle vit le lendemain matin, lorsqu'apres avoir donne ses
ordres a ses chefs de service qu'il appelait par une sonnerie aux
coups numerotes dans le tableau electrique du vestibule,
M. Vulfran la fit venir dans son cabinet, ce fut un visage severe
qui la deconcerta, car bien que les yeux qui se tournerent vers
elle a son entree fussent sans regards, elle ne put se meprendre
sur l'expression de cette physionomie qu'elle connaissait pour
l'avoir longuement observee.
Assurement ce n'etait pas la bienveillance qu'exprimait cette
physionomie, mais plutot le mecontentement et la colere.
Qu'avait-elle donc fait de mal qu'on put lui reprocher?
A cette question qu'elle se posa, elle ne trouva qu'une reponse:
ses achats, chez Mme Lachaise, etaient exageres. D'apres eux
M. Vulfran jugeait son caractere. Et elle qui s'etait si bien
appliquee a la moderation et a la discretion. Que fallait-il donc
qu'elle achetat, ou plutot n'achetat point?
Mais elle n'eut pas le temps de chercher. M. Vulfran lui adressait
la parole d'un ton dur:
"Pourquoi ne m'as-tu pas dit la verite?
-- A propos de quoi ne vous aurais-je pas dit la, verite? demanda-
elle effrayee.
-- A propos de ta conduite depuis ton arrivee ici?
-- Mais je vous affirme, monsieur, je vous jure que je vous ai dit
la verite.
-- Tu m'as dit que tu avais loge chez Francoise. Et en partant de
chez elle ou as-tu ete? Je te previens que Zenobie, la fille de
Francoise,
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