stacles imprevus que nous pouvons rencontrer;
c'est ceux-la qu'il faut me signaler ou me faire eviter."
Ce n'etait pas seulement le terrain de ses usines qu'il avait dans
la tete, c'etait aussi son personnel; quand il passait dans les
cours, les ouvriers le saluaient, non seulement en se decouvrant
comme s'il eut pu les voir, mais encore en prononcant son nom:
"Bonjour, monsieur Vulfran."
Et pour un grand nombre, au moins pour les anciens, il repondait
de la meme maniere: "Bonjour, Jacques", ou "bonjour, Pascal", sans
que son oreille eut oublie leur voix. Quand il y avait hesitation
dans sa memoire, ce qui etait rare, car il les connaissait presque
tous, il s'arretait:
"Est-ce que ce n'est pas toi?" disait-il en le nommant.
S'il s'etait trompe, il expliquait pourquoi.
Marchant ainsi lentement, le trajet fut long des ateliers au
bureau; quand elle l'eut conduit a son fauteuil, il la congedia:
"A demain", dit-il.
XXV
En effet, le lendemain a la meme heure que la veille, M. Vulfran
entra dans l'atelier, amene par le directeur, mais Perrine ne put
pas aller au-devant de lui, comme elle l'aurait voulu, car elle
etait a ce moment occupee a transmettre les instructions du chef
monteur aux ouvriers qu'il avait reunis: macons, charpentiers,
forgerons, mecaniciens, et nettement, sans hesitations, sans
repetitions, elle traduisait a chacun les indications qui lui
etaient donnees, en meme temps qu'elle repetait au chef monteur
les questions ou les objections que les ouvriers francais lui
adressaient.
Lentement, M. Vulfran s'etait approche, et les voix
s'interrompant, de sa canne il avait fait signe de continuer comme
s'il n'etait pas la.
Et pendant que Perrine obeissante se conformait a cet ordre, il se
penchait vers le directeur:
"Savez-vous que cette petite ferait un excellent ingenieur, dit-il
a mi-voix, mais pas assez bas cependant pour que Perrine ne
l'entendit point.
-- Positivement elle est etonnante pour la decision.
-- Et pour bien d'autres choses encore, je crois; elle m'a traduit
hier le _Dundee News_ plus intelligemment que Bendit; et c'etait
la premiere fois qu'elle lisait la partie commerciale d'un
journal.
-- Sait-on ce qu'etaient ses parents?
-- Peut-etre Talouel le sait-il, moi je l'ignore.
-- En tout cas elle parait etre dans une misere pitoyable;
-- Je lui ai donne cinq francs pour sa nourriture et son logement.
-- Je veux parler de sa tenue: sa veste est une dentel
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