t
traduire pour les monteurs."
Elle repeta ces observations sans en omettre un seul mot.
"C'est bien tout?
-- C'est tout.
-- M. Vulfran t'a-t-il fait traduire des lettres?
-- Non, monsieur; j'ai seulement traduit des passages du _Dundee
News_, et en entier la _Dundee trades report Association_.
-- Tu sais que si tu ne me dis pas la verite, toute la verite, je
l'apprendrai bien vite, et alors, ouste!"
Un geste souligna ce dernier mot, deja si precis dans sa
brutalite.
"Pourquoi ne dirais-je pas la verite?
-- C'est un avertissement que je te donne.
-- Je m'en souviendrai, monsieur, je vous le promets.
-- Bon. Maintenant va t'asseoir sur le banc la-bas; si M. Vulfran
a besoin de toi, il se rappellera qu'il t'a dit de venir."
Elle resta pres de deux heures sur son banc, n'osant pas bouger
tant que Talouel etait la, n'osant meme pas reflechir, ne se
reprenant que lorsqu'il sortait, mais s'inquietant, au lieu de se
rassurer, car il eut fallu, pour croire qu'elle n'avait rien a
craindre de ce terrible homme, une confiance audacieuse qui
n'etait pas dans son caractere. Ce qu'il exigeait d'elle ne se
devinait que trop: qu'elle fut son espion aupres de M. Vulfran,
tout simplement, de facon a lui rapporter ce qui se trouvait dans
les lettres qu'elle aurait a traduire.
Si c'etait la une perspective bien faite pour l'epouvanter,
cependant elle avait cela de bon de donner a croire que Talouel
savait ou tout au moins supposait qu'elle aurait des lettres a
traduire, c'est-a-dire que M. Vulfran la prendrait pres de lui
tant que Bendit serait malade.
Cinq ou six fois en voyant paraitre Guillaume, qui, lorsqu'il ne
remplissait pas les fonctions de cocher, etait attache au service
personnel de M. Vulfran, elle avait cru qu'il venait la chercher,
mais toujours il avait passe sans lui adresser la parole, presse,
affaire, sortant dans la cour, rentrant. A un certain moment il
revint ramenant trois ouvriers qu'il conduisit dans le bureau de
M. Vulfran, ou Talouel les suivit. Et un temps assez long
s'ecoula, coupe quelquefois par des eclats de voix qui lui
arrivaient quand la porte du vestibule s'ouvrait. Evidemment
M. Vulfran avait autre chose a faire que de s'occuper d'elle et
meme de se souvenir qu'elle etait la.
A la fin les ouvriers reparurent accompagnes de Talouel: quand ils
etaient passes la premiere fois, ils avaient la demarche resolue
de gens qui vont de l'avant et sont decides; maintenant ils
av
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