plus vite; et bientot les
faucheurs arriveraient a celles de son entaille qu'un ombrage plus
epais avait retardee.
Alors sans aucun doute elle devrait quitter son nid, qui pour elle
ne serait plus habitable; mais que ce fut par la fenaison ou par
la chasse, le resultat ne devait-il pas etre le meme, a quelques
jours pres?
Bien qu'elle fut deja habituee aux bons draps, ainsi qu'aux
fenetres et aux portes closes, elle dormit sur son lit de fougeres
comme si elle le retrouvait sans l'avoir quitte, et ce fut
seulement le soleil levant qui l'eveilla.
A l'ouverture des grilles, elle etait devant l'entree des shedes,
mais au lieu de suivre ses camarades pour aller aux cannetieres,
elle se dirigea vers les bureaux, se demandant ce qu'elle devait
faire: entrer, attendre?
Ce fut a ce dernier parti qu'elle s'arreta: puisqu'elle se tenait
devant la porte, on la trouverait, si on la faisait appeler.
Cette attente dura pres d'une heure; a la fin elle vit venir
Talouel qui durement lui demanda ce qu'elle faisait la.
"M. Vulfran m'a dit de me presenter ce matin au bureau.
-- La cour n'est pas le bureau.
-- J'attends qu'on m'appelle.
-- Monte."
Elle le suivit; arrive sous la veranda, il alla s'asseoir a
califourchon sur une chaise, et d'un signe de main appela Perrine
devant lui.
"Qu'est-ce que tu as fait a Saint-Pipoy?"
Elle dit a quoi M. Vulfran l'avait employee.
"M. Fabry avait donc ordonne des betises?
-- Je ne sais pas.
-- Comment tu ne sais pas; tu n'es donc pas intelligente?
-- Sans doute je ne le suis pas.
-- Tu l'es parfaitement, et si tu ne reponds pas, c'est parce que
tu ne veux pas repondre; n'oublie pas a qui tu parles. Qu'est-ce
que je suis ici?
-- Le directeur.
-- C'est-a-dire le maitre, et puisque comme maitre, tout me passe
par les mains, je dois tout savoir; celles qui ne m'obeissent pas,
je les mets dehors, ne l'oublie pas."
C'etait bien l'homme dont les ouvrieres avaient parle dans la
chambree, le maitre dur, le tyran qui voulait etre tout dans les
usines, non seulement a Maraucourt, mais encore a Saint-Pipoy, a
Bacourt, a Flexelles, partout, et a qui tous les moyens etaient
bons pour etendre et maintenir son autorite, a cote, au-dessus
meme de celle de M. Vulfran.
"Je te demande quelle betise a faite M. Fabry, reprit-il en
baissant la voix.
-- Je ne peux pas vous le dire puisque je ne le sais pas; mais je
peux vous repeter les observations que M. Vulfran m'a fai
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