, je comprends, va toujours."
Et elle reprenait, elevant la voix quand les mecaniciens
menacaient de l'etouffer dans leurs coups de marteau.
Enfin elle arriva au bout.
"Maintenant, vois s'il y a des nouvelles de Calcutta?"
Elle chercha.
"Oui, voila: "De notre correspondant special."
-- C'est cela; lis.
-- "Les nouvelles que nous recevons de Dakka..."
Elle prononca ce nom avec un tremblement de voix qui frappa
M. Vulfran.
"Pourquoi trembles-tu? demanda-t-il.
-- Je ne sais pas si j'ai tremble; sans doute c'est l'emotion.
-- Je t'ai dit de ne pas te troubler; ce que tu donnes est
beaucoup plus que ce que j'attendais."
Elle lut la traduction de la correspondance de Dakka qui traitait
de la recolte du jute sur les rives du Brahmapoutra; puis, quand
elle eut fini, il lui dit de chercher aux _nouvelles de mer_ si
elle trouvait une depeche de Sainte-Helene.
"Saint Helena est le mot anglais", dit-il.
Elle recommenca a descendre et a monter les colonnes noires; enfin
le nom de. Saint Helena lui sauta aux yeux:
"Passe le 23, navire anglais _Alma_ de Calcutta pour Dundee; le
24, navire norvegien _Grundloven_ de Naraingaudj pour Boulogne."
Il parut satisfait:
"C'est tres bien, dit-il, je suis content de toi.
Elle eut voulu repondre, mais de peur que sa voix trahit son
trouble de joie, elle garda le silence.
Il continua:
"Je vois qu'en attendant que ce pauvre Bendit soit gueri je
pourrai me servir de toi."
Apres s'etre fait rendre compte du travail accompli par les
monteurs, et avoir repete a ceux-ci ses recommandations de se
hater autant qu'ils pourraient, il dit a Perrine de le conduire au
bureau du directeur.
"Est-ce que je dois vous donner la main? demanda-t-elle
timidement.
-- Mais certainement, mon enfant, comment me guiderais-tu sans
cela? Avertis-moi aussi quand nous trouverons un obstacle sur
notre chemin; surtout ne sois pas distraite.
-- Oh! je vous assure, monsieur, que vous pouvez avoir confiance
en moi!
-- Tu vois bien que je l'ai cette confiance."
Respectueusement elle lui prit la main gauche, tandis que de la
droite il tatait l'espace devant lui du bout de sa canne.
A peine sortis de l'atelier ils trouverent devant eux la voie du
chemin de fer avec ses rails en saillie, et elle crut devoir l'en
avertir.
"Pour cela c'est inutile, dit-il, j'ai le terrain de toutes mes
usines dans la tete et dans les jambes, mais ce que je ne connais
pas, ce sont les ob
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