is?
-- A Paris.
-- Et ton pere?
-- Je l'ai perdu il y a six mois."
Lui tenant la main dans la sienne, il sentit a la contraction qui
la retracta combien etait douloureuse l'emotion que ses souvenirs
evoquaient; aussi, sans abandonner son sujet, passa-t-il les
questions qui necessairement decoulaient de celles auxquelles elle
venait de repondre.
"Que faisaient tes parents?
-- Nous avions une voiture et nous vendions.
-- Aux environs de Paris?
-- Tantot dans un pays, tantot dans un autre; nous voyagions.
-- Et ta mere morte, tu as quitte Paris?
-- Oui, monsieur.
-- Pourquoi?
-- Parce que maman m'avait fait promettre de ne pas rester a Paris
quand elle ne serait plus la, et d'aller dans le Nord, aupres de
la famille de mon pere.
-- Alors pourquoi es-tu venue ici?
-- Quand ma pauvre maman est morte, il nous avait fallu vendre
notre voiture, notre ane, le peu que nous avions, et cet argent
avait ete epuise par la maladie; en sortant du cimetiere il me
restait cinq francs trente-cinq centimes, qui ne me permettaient
pas de prendre le chemin de fer. Alors je me decidai a faire la
route a pied."
M. Vulfran eut un mouvement dans les doigts dont elle ne comprit
pas la cause.
"Pardonnez-moi si je vous ennuie, monsieur, je dis sans doute des
choses inutiles.
-- Tu ne m'ennuies pas; au contraire, je suis content de voir que
tu es une brave fille; j'aime les gens de volonte, de courage, de
decision, qui ne s'abandonnent pas; et si j'ai plaisir a
rencontrer ces qualites chez les hommes, j'en ai un plus grand
encore a les trouver chez un enfant de ton age. Te voila donc
partie avec cent sept sous dans ta poche...
-- Un couteau, un morceau de savon, un de, deux aiguilles, du fil,
une carte routiere; c'est tout.
-- Tu sais te servir d'une carte?
-- Il faut bien, quand on roule par les grands chemins; c'etait
tout ce que j'avais sauve du mobilier de notre voiture."
Il l'interrompit:
"Nous avons un grand arbre sur notre gauche, n'est-ce pas?
-- Avec un banc autour, oui, monsieur;
-- Allons-y; nous serons mieux sur ce banc."
Quand ils furent assis, elle continua son recit, qu'elle n'eut
plus souci d'abreger, car elle voyait qu'il interessait
M. Vulfran.
"Tu n'as pas eu l'idee de tendre la main? demanda-t-il, quand elle
en fut a sa sortie de la foret ou l'orage avait fondu sur elle.
-- Non, monsieur, jamais.
-- Mais sur quoi as-tu compte quand tu as vu que tu ne trouvais
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