ces
gens qui avaient depouille le marquis de Tregars?...
Telles etaient ses preoccupations, ce samedi ou le commissaire de
police se presenta rue Saint-Gilles, pour arreter M. Favoral, accuse
d'un detournement de dix a douze millions.
XXII
C'est que l'heure etait venue, du denouement de cette tragedie
bourgeoise qui se jouait obscurement rue Saint-Gilles.
Quel eclat, apres tant d'annees de calme! Que d'evenements en cette
soiree fatale, et quelles revelations!...
C'etait d'abord le directeur du _Comptoir de credit mutuel_, M. de
Thaller, apparaissant tout a coup, froid, grave, menacant. Insoucieux
des convives stupefaits, il entrainait M. Favoral dans la piece
voisine, et on l'entendait l'accabler des dernieres injures et le
traiter de faussaire et de voleur.
Ivre de colere, Maxence se dressait pour chatier l'homme qui insultait
son pere, mais au meme moment M. de Thaller reparaissait, et avant
de se retirer, jetant une liasse de billets de banque devant Mlle
Gilberte, il lui disait d'un ton d'offensante protection de les
remettre a M. Favoral, pour qu'il eut les moyens de fuir, de gagner la
Belgique, de se derober a l'action de la justice deja prevenue...
Et M. Favoral niait-il?
Non. Son effarement seul etait un aveu.
Et comme ses anciens amis, M. Desclavettes, M. Desormeaux et M.
Chapelain lui demandaient compte de leur argent, des sommes qu'ils
lui avaient confiees, au lieu de chercher a se disculper, il leur
declarait que tout etait perdu, et d'un ton d'impudente ironie, il
leur disait de ne s'en prendre qu'a eux-memes, et que leur avidite
seule avait fait sa friponnerie.
Mais on heurtait a la porte: Au nom de la loi!...
C'etait la police qui venait arreter le caissier, accuse de
detournements et de faux.
Seul a garder un reste de sang-froid, Maxence proposait a son pere un
moyen d'evasion.
Apres quelques moments d'hesitation, M. Favoral acceptait. Son trouble
etait affreux. Il embrassait en pleurant ses enfants et sa femme, leur
demandant pardon de l'epouvantable existence qu'il leur avait faite.
Il ne se pretendait pas innocent, mais il semblait dire qu'il n'etait
pas le seul coupable, et qu'il payait pour tous. Il avait refuse de
prendre les billets laisses par M. de Thaller, et il recommandait a
Maxence de les rapporter le lendemain matin.
Enfin, il s'enfuyait par la fenetre, comme s'enfuient les voleurs...
Alors le commissaire de police paraissait.
Il ne s'etonnai
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