assurer que personne ne vient en
sens contraire.
C'est au voisinage du theatre des Folies-Nouvelles;--devenu le
theatre Dejazet, que l'_Hotel des Folies_ doit son nom.
Installe dans l'arriere-corps de logis d'une grande vieille maison,
designee, depuis des annees, au pic des demolisseurs, il n'a pas de
facade sur le boulevard, et rien n'y trahit son existence, qu'une
lanterne au-dessus d'une porte etroite et basse, entre un cafe et le
magasin d'un confiseur.
C'est un de ces hotels comme on en compte a Paris un bon nombre,
d'ailleurs quelque peu mysterieux et suspects, mal tenu, et dont les
benefices restent, pour les naifs, un insoluble probleme.
A qui sont loues les appartements du premier et du second etage? On ne
sait. Jamais les voisins les plus instinctivement curieux n'ont apercu
le bout du nez d'un locataire. Et cependant, ils sont loues. Souvent,
dans l'apres-midi, on voit un rideau s'ecarter et une ombre passer. Le
soir, les fenetres s'eclairent, et parfois on entend le son d'un vieux
piano fele.
A partir du second etage, le mystere cesse.
Toutes les chambres hautes, dont le prix est relativement modeste, ont
des locataires au mois, des locataires qu'on entend et qu'on voit. Des
employes comme Maxence, des commis et des demoiselles de magasin des
environs, que leurs patrons ne peuvent loger, quelques garcons de
cafe et parfois un pauvre diable d'acteur ou une figurante du theatre
Dejazet, du Cirque ou du Chateau-d'Eau.
Un des agrements de l'_Hotel des Folies_, et Mme Fortin, la gerante,
ne manque jamais de le vanter aux locataires qui se presentent, un
avantage inestimable, declare-t-elle, est une sortie sur la rue
Beranger.
--Et chacun sait, conclut-elle, qu'on n'est jamais pris quand on a la
chance d'habiter une maison a deux issues.
Lorsque Maxence entra dans le bureau de l'hotel, une petite piece
obscure et malpropre, les gerants, M. et Mme Fortin, terminaient leur
dejeuner par une immense jatte de cafe au lait de couleur louche, que
partageait avec eux un enorme chat roux.
--Ah! voila M. Favoral! s'ecrierent-ils.
A leur accent on ne pouvait se meprendre. Ils savaient la catastrophe.
Et le journal deplie sur la table disait comment ils l'avaient
apprise.
--On est venu vous demander hier soir, reprit la Fortin, une grosse
femme aux traits empates par la graisse et au nez toujours barbouille
de tabac, dont la voix mielleuse faisait paraitre plus terrible le
regard d'oiseau de proi
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