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nt sans amener de nouvel incident, comme j'avais toujours beaucoup d'ouvrage et que je gagnais assez d'argent pour faire des economies, je me rassurai, petit a petit, et je negligeai les precautions dont je m'etais entouree dans les commencements. J'en etais venue a rire de mes terreurs, quand un jour que ma patronne avait a livrer une commande importante et tres-pressee, elle m'envoya chercher. Nous n'eumes termine notre besogne que bien apres minuit. Elle voulait me faire coucher chez elle, mais il eut fallu dedoubler un lit et deranger toute la maison. --Baste! lui dis-je, ce ne sera pas la premiere fois que je traverserai Paris au beau milieu de la nuit. Je partis donc, et je m'en allais pressant le pas, quand, de l'angle d'une rue obscure, un homme s'elanca sur moi, me terrassa, me frappa, et m'eut infailliblement tuee, sans deux braves bourgeois qui accoururent au seul cri que je poussai. L'homme s'enfuit, et j'en fus quitte pour une blessure tellement legere, que je pus regagner mon domicile a pied. Mais le lendemain, des le matin, je courus chez l'officier de paix. Il m'ecouta d'un air grave, et quand j'eus acheve: --Comment etiez-vous vetue? me demanda-t-il. --Tout de noir, repondis-je, comme une ouvriere, bien modestement... --N'aviez-vous rien sur vous qui put tenter la cupidite d'un voleur? --Rien: pas de bijoux, pas de chaine de montre, pas meme de boucles d'oreilles. Il froncait les sourcils. --Alors, prononca-t-il, ce n'est pas un crime fortuit, c'est une tentative nouvelle des gens qui deja se sont attaques a vous. Telle etait bien mon opinion. Et cependant: --Eh! monsieur, m'ecriai-je, qui donc peut s'attaquer a moi qui ne suis rien? J'ai beau chercher, je ne me vois pas un ennemi!... Et comme je n'avais pas a douter de sa bienveillance, tout de suite, je lui dis ce que je suis et tous les hasards de ma vie. --Vous etes une fille naturelle, reprit-il, des que j'eus fini, et vous avez ete lachement abandonnee; cela seul suffirait a justifier toutes les suppositions. Vous ne connaissez pas vos parents, mais il se peut qu'ils vous connaissent, eux, et que jamais ils ne vous aient perdue de vue. Votre mere, a ce que vous croyez, etait une ouvriere? soit! Mais votre pere? Savez-vous quels interets votre existence menace? savez-vous quel echafaudage de mensonges et d'infamies votre apparition renverserait? J'ecoutais, bouche beante. Jamais de telles conjectures ne
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