dettes, et qui, en
echange d'un renouvellement de billet, consentaient a s'affubler des
costumes les plus risques, et a les montrer et a les produire.
--Voila les bonnes petites femmes qu'il me faudrait,
disait-il, pour lancer les autres et les remettre en gout, et
malheureusement elles ne sont pas rentrees, et leurs maris abusent des
evenements pour les confiner a la campagne et faire des economies...
Ou voulait en venir M. Van Klopen? Je declare que je ne le soupconnais
pas du tout. Ce que voyant:
--Il n'y a que vous, ma chere, me dit-il un jour, qui puissiez me
tirer de la. Vous n'etes vraiment pas mal, et je suis sur qu'en grande
toilette, nonchalamment etendue sur les coussins d'un huit ressorts,
vous feriez tant d'effet, que toutes les femmes en seraient jalouses,
et voudraient vous ressembler... Il n'en faut qu'une, vous le savez,
pour donner le bon exemple...
Brusquement Maxence se leva, et se frappant le front:
--Je comprends! s'ecria-t-il.
Mais la jeune fille poursuivait:
--Je crus que M. Van Klopen plaisantait. Jamais il n'avait ete plus
serieux, et pour me le prouver, il se mit a m'expliquer ce qu'il
attendait de moi. Je pouvais, selon lui, remplacer les clientes qui
avaient ete ses courtieres. Il me confectionnerait de ces toilettes
qui forcent l'attention, et deux ou trois fois la semaine, je
m'installerais dans une belle voiture qu'il me louerait, et j'irais me
montrer au Bois.
La proposition me revolta.
--Jamais! lui dis-je.
--Pourquoi?
--Parce que j'ai trop le respect de moi pour consentir jamais a faire
de ma personne une reclame vivante...
Il haussait les epaules.
--Vous avez tort, fit-il. Vous n'etes pas riche, et je vous donnerais
vingt francs par promenade. A huit par mois, ce serait cent soixante
francs ajoutes a vos appointements.
Et avec un sourire honteux:
--Sans compter, ajouta-t-il, que je vous fournis la une occasion
unique de fortune. Jolie comme vous etes, et inconnue, vous
serez remarquee. Il n'en faut pas tant pour tourner la tete d'un
millionnaire...
J'etais indignee.
--Quand ce ne serait, m'ecriai-je, que pour la raison que vous me
dites, je refuse!...
Il ne se tenait point pour battu.
--Vous n'etes qu'une sotte, ma chere, me dit-il, et comme, si vous
n'acceptez pas, vous cesserez de faire partie de ma maison, je pense
que vous reflechirez.
C'etait tout reflechi, et je ne songeais qu'a me mettre en quete d'un
autre patron, quand mon ami
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