, l'officier de paix, m'ecrivit de passer a
son bureau.
Je m'y rendis, et apres m'avoir amicalement fait asseoir:
--Eh bien, me demanda-t-il, quoi de nouveau?
--Rien. Je ne me suis pas apercue que l'on m'ait epiee.
Il fit claquer sa langue d'un air mecontent.
--Pas plus que vous, gronda-t-il, mes agents n'ont rien surpris. Et,
cependant, il est clair que vos ennemis ne vous ont pas lachee comme
cela. Nous avons affaire a des malins. S'ils font les morts, c'est
qu'ils meditent quelque mauvais coup. Lequel? c'est ce que je veux
savoir, et je le saurai; je suis tetu, je ne suis pas Breton pour
rien, et je n'ai pas encore jete ma langue aux chiens. Deja, j'ai un
indice. A force de me creuser la cervelle, j'y ai trouve une idee qui
serait excellente, si je decouvrais un moyen de vous meler a ce qu'on
appelle le beau monde...
Je lui expliquai, bien vite, qu'etant chez M. Van Klopen, un des
premiers couturiers de Paris, j'y voyais, forcement, beaucoup de
femmes de la plus haute societe.
--Cela ne suffit pas! dit-il.
Alors, les propositions de M. Van Klopen me revinrent a l'esprit, et
je les lui exposai.
Il bondit sur sa chaise.
--Voila l'affaire! s'ecria-t-il, et la preuve manifeste que la chance
est pour nous. Il faut accepter...
Ce n'est pas a cet homme excellent que je pouvais taire mes
repugnances, que la reflexion avait fort accrues.
--Qu'adviendra-t-il, lui dis-je, si je me resigne a ce role odieux que
M. Van Klopen me propose? Je ne le sais que trop. Lui-meme, en croyant
m'eblouir, m'en a montre les dangers. Obligee d'etaler des toilettes
combinees pour forcer l'attention, forcement je serai remarquee. Je ne
me serai pas montree au bois quatre fois, seule, au fond de ma voiture
de louage, que chacun s'imaginera deviner quel metier j'y viens faire.
Nul assurement ne soupconnera la verite. On me prendra pour une
creature perdue. Je serai obsedee d'offres avilissantes, poursuivie,
traquee. Certes, je suis sure de moi; je serai toujours mieux gardee
par mon orgueil que par la plus attentive des meres. Mais je serai
montree au doigt, et c'en sera fait de ma reputation...
Je ne parvins pas a le convaincre.
--Je sais que vous etes une honnete fille, me dit-il, mais pour cela,
precisement, que vous importe ce que dira le monde, toute cette cohue
de gens que vous ne connaissez pas? Le monde!... vous comprendrez ce
que vaut son estime quand vous aurez vu a quelles gens il l'accorde,
quand vous sau
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