defendre.
Elle le remercia d'un regard, et sans s'interrompre et toujours plus
vite:
--Il n'y avait pas a resister, dit-elle, ni a discuter, ni a
protester. Mon amie, stupide de terreur, s'etait affaissee sur une
chaise. Moi, je ne perdis pas la tete. Pendant que les agents
se livraient dans ma chambre a de minutieuses et bien inutiles
investigations, je decidai l'un d'eux a courir prevenir mon ami
l'officier de paix.
Il etait chez lui, par grand hasard, et en apprenant ce qui se
passait, il se hata de venir a mon secours.
Sur le moment, son intervention ne pouvait me servir. Les agents lui
declarerent que leurs ordres etaient formels et qu'ils devaient nous
conduire directement a Versailles.
--Eh bien! me dit-il, je vous accompagnerai.
Ma situation etait grave, il le reconnut des les premieres demarches
qu'il fit le lendemain. Mais il discerna, du meme coup et nettement
cette fois, une nouvelle manoeuvre des miserables qui avaient jure ma
perte.
J'avais ete denoncee, en meme temps, au prefet de police et a
l'autorite militaire, comme etant restee, jusqu'aux dernieres heures
de la lutte, au service de la Commune. On affirmait que j'avais fait
partie d'une bande d'ignobles incendiaires et qu'on m'avait reconnue
derriere une barricade, faisant le coup de feu.
J'avais ete epiee, evidemment, et l'idee de cette infamie avait
ete suggeree par mes relations avec mon amie des Batignolles, plus
terriblement compromise encore qu'elle ne l'avait cru, la pauvre
fille, puisque son colonel avait ete pris les armes a la main, qu'il
etait convaincu de pillage et de meurtre, et qu'elle etait accusee de
complicite.
C'etait chez moi, pretendaient les delateurs, qu'elle avait cache le
produit de ses vols, et ils ajoutaient que dix temoins, au besoin,
affirmeraient l'avoir vue entrer a l'_Hotel des Folies_, pliant sous
le faix d'enormes paquets.
De la, les perquisitions obstinees des agents, le jour de notre
arrestation.
C'est d'ailleurs avec une infernale perfidie que la denonciation nous
confondait, mon amie et moi, attribuant a l'une les actes de l'autre,
m'imputant a moi tout ce qu'elle avait pu faire de criminel.
Et les provisions qu'elle m'avait apportees, et sa presence chez moi
apres la lutte, donnaient a la calomnie toutes les apparences de la
verite.
On m'a conte qu'en ces heures sinistres, des laches immondes se
trouverent, qui profitant de l'effarement des esprits, essayerent
d'assouvir leurs ha
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