ines et de se defaire de leurs ennemis. J'ai
oui dire que la police fut surprise par un tel debordement de
denonciations, que le coeur lui en leva, et qu'elle fut obligee de
menacer les delateurs de les rechercher et de les poursuivre.
Isolee comme je l'etais, sans ressources, je devais perir et je
perissais, certainement, sans le devouement de mon ami l'officier
de paix, sans sa situation particuliere surtout, qui lui ouvrit
immediatement la porte de tous les bureaux et du cabinet meme de mes
juges.
Il reussit a demontrer que j'etais victime d'une tenebreuse intrigue,
que je n'etais pas restee un seul jour hors de chez moi, que j'etais
innocente, enfin, de tout ce dont on m'accusait.
Et apres quarante-huit heures de detention, qui me parurent un siecle,
je fus remise en liberte...
A la porte, je trouvai l'homme qui venait de me sauver.
Il m'attendait, mais il ne me permit pas de lui exprimer la
reconnaissance dont mon coeur debordait.
--Vous me remercierez, interrompit-il brusquement, quand je l'aurai
merite. Je n'ai rien fait pour vous, que n'eut fait, a ma place, le
premier honnete homme venu. Ce que je veux, c'est decouvrir quels
interets vous menacez, sans vous en douter, et qui doivent etre
considerables, si j'en juge par la passion et la tenacite qu'on met
a vous poursuivre. Ce que je pretends, c'est mettre la main sur les
laches gredins que vous genez si fort...
Je secouai la tete.
--Vous ne reussirez pas, lui dis-je.
--Qui sait! J'ai fait, dans ma vie, plus difficile que cela, et plus
fort!...
Et tirant a demi de sa poche, et me montrant un large pli:
--Ceci, me dit-il, est la denonciation sur laquelle vous avez ete
arretee. J'ai obtenu qu'on me la confiat. J'en ai attentivement etudie
l'ecriture, et je me suis assure qu'elle n'est pas contrefaite. C'est
un element, cela. C'est le moyen, toujours a ma portee, de verifier
mes soupcons, le jour ou il m'en viendra. Patience! Nous avons du
temps devant nous...
C'est l'avenue de Paris que nous suivions, en causant ainsi, car il me
conduisait au chemin de fer.
--Nous allons nous quitter, continuait-il, mais avant, ecoutez mes
instructions et tachez de ne vous en point ecarter.
Vous allez rentrer a Paris et reprendre vos occupations ordinaires.
Repondez vaguement aux questions qui vous seront adressees, et
surtout, ne parlez pas de moi. Il faut continuer a habiter l'_Hotel
des Folies_. Il est dans mon quartier, d'abord, dans ma sphere
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