nner, a cet egard, des details qui
surprendraient bien des gens, car _nous n'ignorons rien_. Mais
dussions-nous paraitre moins bien informes que certains confreres
du matin, nous garderons un silence qu'apprecieront nos lecteurs. A
d'autres le triste honneur d'ajouter par une indiscretion prematuree a
la douleur d'une famille cruellement eprouvee, car M. Favoral laisse
au desespoir une femme et deux enfants, un fils de vingt-cinq ans,
employe d'un chemin de fer, et une fille de vingt ans, d'une beaute
remarquable, et qui a failli, il y a quelques mois, epouser M. C...
"Allons, messieurs les caissiers, a qui le tour?..."
Des larmes de rage obscurcissaient les yeux de Maxence, pendant qu'il
achevait les dernieres lignes de ce terrible article.
C'en etait fait! Innocent, il se voyait traine sur la claie de la
plus infamante publicite. Sa douleur devenait un des aliments de
l'insatiable curiosite, un sujet de faits-divers, le texte des
commentaires des imbeciles et des mechants. Apres avoir defraye la
chronique quotidienne du scandale, le crime du caissier du _Credit
mutuel_ allait passer, a l'etat de legende, dans ces recueils
illustres que les libraires au rabais exposent a leur vitrine.
--C'est le comble! repetait Maxence d'une voix sourde.
Et cependant, il etait peut-etre plus surpris encore qu'indigne.
Ce journal venait de lui en apprendre plus que n'en savaient les
intimes amis de son pere, plus qu'il n'en savait lui-meme.
D'ou tenait-il ses renseignements?
Maxence avait trop le respect de la chose imprimee pour douter, et
c'est avec une veritable angoisse qu'il se demandait quels pouvaient
etre ces autres details que l'auteur de l'article declarait connaitre
et ne vouloir pas livrer encore a la publicite.
S'il eut suivi son inspiration, il eut couru tout d'une haleine au
bureau du journal, persuade qu'on y saurait lui dire en quel quartier
de Paris M. Favoral menait son existence de plaisir et de luxe,
sous quel nom, et quelle etait reellement cette femme dont il etait
follement epris, et que les uns disaient une femme de la haute finance
et les autres une actrice...
Mais il arrivait a son hotel, l'_Hotel des Folies_.
Apres un moment d'hesitation:
--Baste! se dit-il, j'ai toute la journee pour passer au journal!...
Et il s'engagea dans le corridor de l'hotel, corridor si etroit, si
obscur et si long, qu'il donne l'idee d'un boyau de mine, et qu'il est
prudent, avant de s'y aventurer, de s'
|