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Quand elle etait en cet etat, elle me faisait horreur. Et un mercredi, que je laissai trop voir mon degout, elle me frappa si rudement qu'elle me cassa le bras. Il y avait vingt mois que j'etais chez elle. Le mal qu'elle m'avait fait la degrisa subitement. Elle eut peur et se mit a m'accabler de caresses, me conjurant de ne rien dire a personne. Je le lui promis et je tins fidelement parole. Mais il avait fallu chercher un medecin. La scene avait eu des temoins qui parlerent. L'histoire se repandit de proche en proche, tout le long de la Seine, jusqu'a Bougival et jusqu'a Rueil. Si bien qu'un matin, le brigadier de gendarmerie se presenta a la maison, et que je ne sais trop ce qui serait advenu, si je ne lui avais pas soutenu _mordieus_ que c'etait en tombant dans l'escalier que je m'etais fait mal. Ce dont Maxence ne revenait pas, c'etait de l'accent naturel et simple de Mlle Lucienne. Nulle emphase. A peine une apparence d'emotion. On eut jure que c'etait d'une autre qu'elle disait la vie. Elle poursuivait cependant: --Grace a mes denegations obstinees, ma patronne ne fut pas inquietee. Mais la verite etait connue, et sa reputation, qui deja n'etait pas bonne, en devint tout a fait mauvaise. On s'interessa a moi. Les memes gens qui, vingt fois, sans sourciller, m'avaient vue porter des charges de linge a me rompre la poitrine, ce qui etait terrible, se mirent a me plaindre prodigieusement d'avoir eu un bras casse, ce qui n'etait rien. Cela en vint a ce point que plusieurs de nos pratiques s'entendirent pour me faire sortir d'une maison, ou, disait-on, je finirais par succomber sous les mauvais traitements. Et apres beaucoup de demarches, on finit par decouvrir a La Jonchere une vieille dame israelite, tres-riche, veuve et sans enfants, qui consentait a se charger de moi. J'hesitai d'abord a accepter les offres qui m'etaient faites. Mais ayant reconnu que ma patronne, depuis qu'elle m'avait blessee, me prenait de plus en plus en aversion, je me decidai a la quitter. C'est le jour ou je fus presentee a ma nouvelle maitresse, que je decouvris que je n'avais pas de nom. Apres m'avoir longuement examinee, tournee et retournee, fait marcher et m'asseoir: --Maintenant, me demanda-t-elle, comment t'appelles-tu? J'ouvris de grands yeux, car en verite, j'etais alors comme une sauvage, n'ayant pas meme la plus vague notion des choses les plus simples de la vie. --Je m'appelle la Parisienne,
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