ant?
--Mais, excusez-moi, mademoiselle, reprit-il, ce n'est certes pas la
ce que je suis venu vous dire.
--Ah!
--Je venais vous demander des nouvelles de ce pauvre Favoral?
--Nous n'en avons pas, monsieur.
--Alors, c'est bien vrai; il a reussi a filer par la fenetre?
--Oui.
--Et il ne vous a pas dit ou il comptait se refugier?
--Non.
Observant M. Costeclar de toute la puissance de sa penetration, Mlle
Gilberte croyait decouvrir en lui une certaine surprise melee de joie.
--Comme cela, reprit-il, Favoral serait parti sans un sou?
--On l'accuse d'avoir emporte des millions, monsieur, mais je jurerais
qu'on se trompe.
De la tete, M. Costeclar approuvait.
--Je suis de votre avis, declara-t-il, a moins que... mais non, il
n'etait pas de force a jouer une telle partie! D'un autre cote,
cependant... mais non, encore, il etait veille de trop pres! Il avait
des charges, d'ailleurs, des charges tres-lourdes qui epuisaient
toutes ses ressources...
Mlle Gilberte allait-elle donc apprendre quelque chose? Elle l'espera,
et, faisant effort pour conserver son sang-froid:
--Que voulez-vous dire? interrogea-t-elle.
Il la regarda, sourit, et d'un ton leger:
--Rien, repondit-il, ce sont des reflexions que je fais a part moi, de
simples conjectures...
Et se laissant tomber sur un fauteuil, le buste renverse, la tete
contre le dossier:
--Ce n'est pas encore la le but de ma visite, prononca-t-il. Voila
Favoral a la mer, n'en parlons plus. Qu'il ait, ou non, "le sac", je
vous declare que vous ne le reverrez jamais. C'est fini, il est mort.
Donc, causons des vivants, de vous... Qu'allez-vous devenir?...
--Je ne m'explique pas votre question, monsieur.
--Elle est limpide, cependant. Je me demande comment vous allez vivre,
votre mere et vous?...
--La Providence ne nous abandonnera pas.
M. Costeclar avait croise les jambes, et, du bout de sa canne,
negligemment, il fouettait sa botte, d'un vernis immacule.
--Tres-joli, la Providence! ricana-t-il, au boulevard, dans un drame,
avec tremolo a l'orchestre... Je vois ca d'ici! Dans la vie reelle,
malheureusement, celle que nous vivons, vous et moi, ce n'est pas avec
des mots, quand ils auraient une aune de long, qu'on paye le boulanger
et la fruitiere, qu'on solde ces canailles de proprietaires, qu'on
s'achete des robes et des souliers...
Elle ne repondit pas.
--Or, poursuivit-il, vous voila sans un sou. Est-ce Maxence qui vous
donnera de l'
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