er le salon, mais, au moment ou elle arrivait a
sa chambre, son fils l'y rejoignit.
--Je suis oblige de sortir, chere mere, lui dit-il, et je ne serai
probablement pas rentre pour dejeuner.
Elle le regardait d'un air de surprise douloureuse.
--Quoi! fit-elle, en un pareil moment?...
--On m'attend chez moi.
--Qui?
Il ne repondit pas, et alors, tous les reproches adresses jadis a
Maxence par son pere, se representerent a l'esprit de Mme Favoral.
--Une femme!... murmura-t-elle.
--Eh bien! oui.
--Et c'est pour cette femme que tu veux laisser ta soeur seule a la
maison?...
--Il le faut, ma mere, je te le promets, et si tu savais...
--Je ne veux rien savoir...
Mais sa resolution etait prise, il s'eloigna. Et quelques instants
plus tard, Mme Favoral et M. Chapelain prenaient place dans un fiacre
qu'ils avaient envoye chercher, et se faisaient conduire chez M. de
Thaller.
Restee seule, Mlle Gilberte n'avait plus qu'une preoccupation.
Prevenir M. de Tregars, obtenir un mot de lui. Tout lui paraissait
preferable a l'horrible anxiete ou elle se debattait.
Elle venait de commencer une lettre qu'elle comptait faire porter chez
le comte de Villegre, lorsqu'elle tressaillit a un brusque coup de
sonnette, et presque aussitot la servante entra, lui disant:
--C'est un monsieur, mademoiselle, qui demande a vous parler, un ami
de monsieur, vous savez, monsieur Costeclar...
XXIV
D'un bond, toute fremissante, Mlle Gilberte se dressa sur ses pieds.
--C'est trop d'audace! s'ecria-t-elle.
Et elle se demandait s'il fallait lui faire refuser la porte ou
l'attendre et le congedier elle-meme honteusement.
Une soudaine inspiration l'arreta.
--Que veut-il, pensa-t-elle, et qui l'amene? Pourquoi ne pas le
recevoir et essayer de surprendre ce qu'il sait? Car il doit savoir la
verite, lui!...
Il n'etait plus temps de deliberer.
Au-dessus de l'epaule de la servante, s'allongeait, impudente et
bleme, la face de M. Costeclar.
La servante s'etant effacee, il parut, son chapeau a la main.
Quoiqu'il ne fut pas neuf heures encore, sa toilette matinale etait
d'une irreprochable correction. Il avait deja subi le fer du coiffeur,
et pas un de ses cheveux, ramenes en avant sur son front deprime, ne
depassait l'autre.
Il portait un de ces pantalons ridicules qui s'evasent a partir du
genou, et qui ont ete mis a la mode par des tailleurs prussiens pour
dissimuler les pieds ignobles de leurs pratiq
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