elle nous
a paru l'etre? En matiere de fraude financiere, tout est possible,
surtout ce qui semble impossible. Responsable de l'argent vole,
puisqu'il est le directeur du _Credit mutuel_, M. de Thaller n'eut-il
pas du tenir a garder le coupable, pour le montrer, pour le produire?
Eh bien! pas du tout. Il voulait que Favoral prit la fuite, il lui
apportait de l'argent pour fuir. Esperait-il etouffer l'affaire?
Evidemment non, puisque la justice etait prevenue. Favoral, d'un autre
cote, paraissait beaucoup plus irrite que surpris de l'evenement. Sa
stupeur n'a ete manifeste qu'au moment ou le commissaire de police
s'est presente. Alors, oui, il a perdu la tete, il ne s'attendait pas
a ce coup. Aussi, lui est-il echappe des propos etranges avec des
reticences que je ne m'explique pas...
Il marchait comme au hasard dans le salon, et il semblait bien plus,
vers la fin, repondre aux objections de son esprit que s'adresser a
Mme Favoral, a Mlle Gilberte et a Maxence, qui l'ecoutaient avec toute
l'attention dont ils etaient capables.
--C'est a s'y perdre! poursuivait-il. Un vieux routier comme moi,
etre joue ainsi! Evidemment, il y a la-dessous quelqu'une de ces
combinaisons diaboliques que le temps meme ne debrouille pas. Il
faudrait voir, s'informer...
Brusquement il s'arreta devant Maxence.
--Combien M. de Thaller apportait-il a votre pere, hier soir?
demanda-t-il.
--Quinze mille francs.
--Ou sont-ils?
--Serres dans la chambre de ma mere.
--Quand comptez-vous les reporter a M. de Thaller?
--Demain.
--Pourquoi pas aujourd'hui?
--C'est aujourd'hui dimanche, les bureaux du _Credit mutuel_ sont
fermes...
--Apres ce qui s'est passe, M. de Thaller doit etre a son bureau. Ne
savez-vous pas, d'ailleurs, son adresse particuliere?
--Pardonnez-moi.
Les petits yeux de l'ancien avoue brillaient d'un eclat
extraordinaire. Certes, il etait bien sensible a la perte de son
argent, mais l'idee qu'il avait ete joue et que ses cent soixante
mille francs profitaient a quelque habile gredin lui etait absolument
insupportable.
--Si nous etions sages, reprit-il, voici ce que nous ferions. Mme
Favoral prendrait ces quinze mille francs, je lui offrirais mon bras,
et nous irions ensemble trouver M. de Thaller...
C'etait pour Mme Favoral un bonheur inespere, que M. Chapelain
consentit a la servir. Aussi, sans hesiter:
--Le temps de m'habiller, monsieur, repondit-elle, et je suis a vous.
Elle se hata de quitt
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