voitises assouvies,
de reves realises, tout ce qu'elle peut procurer des choses qui
s'achetent... et quelles choses ne sont pas a vendre, pour douze
millions!
Il examinait ensuite le morne interieur de la rue Saint-Gilles, la
maison etroite, les meubles fanes, les prodiges d'une parcimonie
industrieuse, les privations de sa mere, le denument de sa soeur, sa
detresse a lui.
Et il s'ecriait:
--C'est une monstrueuse infamie!...
Les paroles du commissaire de police lui avaient ouvert les yeux, et
il entrevoyait des choses enormes.
M. Favoral, dans son esprit, prenait des proportions inouies. Par
quels prodiges d'hypocrisie et de dissimulation avait-il pu se
dedoubler en quelque sorte, et sans eveiller un soupcon, vivre deux
existences distinctes et si differentes; ici, dans sa famille,
parcimonieux, methodique et severe, ailleurs, dans quelque menage
illegitime, sans doute, facile, souriant et genereux comme un voleur
heureux?
Car, pour Maxence, les factures trouvees dans le secretaire etaient
une preuve flagrante, irrecusable, materielle.
Au bord de l'abime de honte ou son pere venait de rouler, il croyait
apercevoir, non la femme infaillible, mobile de toutes les actions des
hommes, mais la legion entiere de ces courtisanes endiablees, qui ont
pour fondre les fortunes des creusets inconnus, et qui possedent des
philtres pour abetir leurs dupes et leur prendra l'honneur apres leur
dernier ecu.
--Et moi, disait Maxence, moi, parce qu'a vingt ans j'aimais le
plaisir, j'etais un mauvais fils! Parce que j'avais fait quelque cent
ecus de dettes, j'etais un scelerat! Parce que j'aime une pauvre fille
qui s'est donnee a moi sans calcul, j'etais un de ces gredins que leur
famille renie, et dont on ne doit attendre que honte et deshonneur!...
Il emplissait le salon des eclats de sa voix qui montait comme sa
colere.
Et au souvenir de tous les reproches amers qui lui avaient ete
adresses par son pere, et de toutes les humiliations qu'il avait
devorees:
--Ah! le miserable! criait-il. Le lache!
Pale autant que son frere, le visage baigne de larmes et ses beaux
cheveux denoues, Mlle Gilberte se dressa.
--Il est notre pere, Maxence, fit-elle doucement.
Mais il l'interrompit, d'un eclat de rire farouche:
--C'est juste, repondit-il, et de par la loi qui est ecrite dans le
Code, nous lui devons affection et respect...
--Maxence! murmura la jeune fille d'un ton suppliant.
Il n'en poursuivit pas moins
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