artement, et qu'il avait successivement honore de sa liberale
protection Mlle Sydney, des Varietes, et Mme Jenny Fancy, une dame
d'un certain age deja, mais posee de telle sorte qu'elle rendait a ses
amants en notoriete, ce qu'ils lui donnaient en bon argent.
Voila ce que Maxence apprit du premier coup. Quant a des details plus
precis, impossible d'en obtenir. A ses questions pressantes sur les
antecedents de M. Costeclar:
--C'est un fort honnete homme, repondaient les uns.
--C'est un simple faiseur, affirmaient les autres.
Mais tous s'accordaient a dire que c'etait un "malin" qui ferait
"son affaire," et qui la ferait sans passer par la police
correctionnelle...
Comment notre pere et un tel homme peuvent-ils etre si intimement
lies? se demandaient Maxence et sa soeur.
Et ils se perdaient en conjectures, lorsque tout a coup, et a une
heure ou jamais il ne mettait les pieds chez lui, M. Favoral parut.
Jetant une lettre sur les genoux de sa fille:
--Voila ce que je recois de Costeclar, dit-il d'une voix rauque. Lis.
Elle lut:
"Permettez-moi, cher ami, de vous rendre votre parole. Par suite de
circonstances absolument independantes de ma volonte, je me vois
contraint de renoncer a l'honneur d'entrer dans votre famille."
Qu'etait-il arrive?
Debout, au milieu du salon, le caissier du _Credit mutuel_ tenait,
courbes sous son regard, sa femme et ses enfants, Mme Favoral toute
frissonnante, Maxence, dont la stupeur ecarquillait les yeux, et Mlle
Gilberte, qui n'avait pas trop de toute sa volonte pour comprimer
l'explosion d'une joie immense.
Tout, en M. Favoral, cependant, trahissait bien plus l'effarement d'un
desastre que la rage d'une deception.
Jamais sa famille ne l'avait vu ainsi, bleme, la cravate denouee, les
cheveux colles aux tempes par la sueur...
--M'expliquerez-vous cette lettre? demanda-t-il enfin.
Et comme personne ne repondait, il la reprit, cette lettre, sur la
table ou Mlle Gilberte l'avait posee, et il se mit a la relire,
scandant chaque syllabe, comme s'il eut espere decouvrir a chaque mot
une signification cachee.
--Qu'avez-vous dit a Costeclar, reprit-il, que lui avez-vous fait pour
lui inspirer une telle determination?
--Rien, repondirent Maxence et Mlle Gilberte.
L'espoir d'etre enfin delivree de cet homme donnait presque du courage
a Mme Favoral.
--Il a sans doute compris, fit-elle timidement, qu'il ne triompherait
pas des repugnances de notre fille...
Ma
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