nde chasse au
matin, grand jeu le soir, des masques, des loteries, des musiques tant
qu'on en veut. Le roi distribue au hasard des lots d'or et d'argent; les
joueurs, vetus en comediens italiens, tiennent le jeu du roi et de Mme
de Montespan, qui perd souvent mille louis sur une carte.
Marly est tout semblable a un bal masque; les princesses, melees aux
comediens, dansent les intermedes du _Bourgeois gentilhomme_. Dans
les boutiques, tenues par les duchesses, sont exposes les plus belles
etoffes, le plus beau linge et les plus agreables pierreries qui se
puissent voir. On joue a tout gagner, a ne rien perdre.
Apres le jeu, la comedie; apres la comedie, la souper. A la fete des
rois, l'empressement redouble avec la depense:
"Le soir, a huit heures, le roi entra dans son grand appartement avec
beaucoup de dames. Monseigneur et Mme la Dauphine etoient a la comedie,
qu'ils avoient fait commencer de bonne heure, et vinrent ensuite trouver
le roi. Avant souper, on joua a toutes sortes de jeux; puis on
servit cinq tables pour les dames, qui furent tenues par le roi, par
Monseigneur et par Mme la Dauphine, par Monsieur et par Madame;
et, outre cela, il y eut dans le billard une grande table pour les
seigneurs. Le repas se passa fort gaiement; on fit des rois a toutes les
tables; il y avoit musique dans les deux tribunes de la salle ou l'on
mangea; il y avoit soixante-dix dames, outre les cinq personnes qui
tiennent les tables; et cependant il y en eut encore a Versailles qui ne
furent point priees. Un peu apres que Mme la Dauphine fut arrivee, le
roi lui dit, en lui montrant un grand coffre de la Chine qui etoit
demeure la avec plusieurs habillements de la derniere loterie qu'il
avoit faite, qu'il la prioit de se donner la peine de l'ouvrir. Elle
y trouva d'abord des etoffes magnifiques, puis un coffre nouveau dans
lequel il y avoit force rubans, et puis un autre ou il y avoit de fort
belles cornettes; et enfin, apres avoir trouve sept ou huit coffres ou
paniers differents, tous plus jolis les uns que les autres, elle ouvrit
la dernier, qui etoit un coffre de pierreries fort jolies, et dedans il
y avoit un bracelet de perles, et dans un secret au milieu du coffre un
coulant de diamants et une croix de diamants-brillants magnifiques.
Mme la Dauphine distribua les rubans, les manchons et les tabliers aux
demoiselles qui l'avoient suivie."
Une autre fois, a peine arrive a Marly, le roi, qui etait de tres bonne
humeur, mena
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