re princesse: aussitot nous ne
voyons plus que le grand spectacle d'une immense douleur. Peu nous
importe en ce moment que l'eveque de Meaux soit accompagne de la vieille
princesse et de la jeune princesse de Conti, que la dame d'honneur et la
dame d'atour occupent les deux portieres, et que ce carrosse plein
de deuil ait un cortege de trente-six gardes a cheval portant des
flambeaux, sans compter les pages, les valets de pied et les laquais de
la princesse expiree: il nous semble, a cette heure de minuit, que nous
voyons entrer sous les voutes du Val-de-Grace, ou l'attendent l'abbesse
et les religieuses, ce noble coeur qui ne bat plus. Quelles ont ete,
en ce moment, les paroles de l'illustre orateur? quelles ont ete
ses prieres sur cet autel improvise ou il deposa le coeur de Mme
la Dauphine? Ici, la plus simple expression est la meilleure, et
l'etiquette meme a son eloquence:
"Les princesses etaient dans les bancs hauts, les dames d'honneur et
d'atour etaient dans les bancs bas, le chevalier d'honneur a la droite,
et le premier ecuyer a la gauche, aupres de la representation. Apres les
prieres et les encensements, M. de Meaux reprit le coeur et on marcha
processionnellement jusqu'a la chapelle Sainte-Anne, dans le meme ordre
ou l'on etoit venu. On y trouva une autre representation, sous laquelle
sont des tiroirs dans lesquels on a mis les coeurs des reines et des
enfants de France, chacun avec des couronnes en haut, selon son rang,
et non selon le temps de sa mort. La, on recommenca les prieres, les
encensements, et a donner de l'eau benite, et puis on ressortit en
passant par les memes lieux."
Voila pour les deuils de la cour. Tous ceux qui viendront plus tard
subiront les memes reglements. On n'y peut rien changer. La grande et
l'eternelle difference est celle-ci: l'oraison funebre prononcee par
Bossuet! C'est celui-la qui donne l'immortalite. Toutes les grandeurs
qu'il n'aura pas signalees ne seront que des grandeurs passageres.
Versailles peut tomber et tombera, la parole de Bossuet, eternellement
vivante, ira d'age en age et grandissant toujours.
Mais quoi! nous ne faisons pas ici l'histoire du roi Louis XIV; c'est
l'histoire meme du palais de Versailles. Nous n'en voulons pas sortir;
nous y resterons jusqu'a la fin, avec la chronique et les chroniqueurs.
Nous ramassons ca et la les causeries de Marly et de Trianon, du grand
lever et du petit lever.
Si le roi se porte bien, tout la palais est en fete; gra
|